Après cette semaine marquée par l’aventure et le partage d’expérience avec mon nouveau compagnon Vincent, nous restons au creux des montagnes des Alpes japonaises pour profiter de leurs reliefs encore quelques jours.
On se situe à la frontière entre les régions Est et Ouest du pays que sont le Kanto (l’Est, team Tokyo) et le Kansai (l’Ouest, Team Osaka-Kyoto et cie). Le lever de soleil qui vous attend va, je l’espère, vous charmer (presque) autant que moi.
Puis, parcourir les préfectures de Gifu et Shiga achèveront de m’amener vers les 2 villes les plus populaires du pays après Tokyo : Osaka et Kyoto, j’ai hâte.
Je vous laisse découvrir cela.
Après l’ascension du mammouth japonais de la veille, allons admirer le lever du soleil au pays du soleil levant (hehe). Et bah, au dessus de cette mer de nuage, le moment est tout simplement inoubliable.
Le vent et le froid nous titillent mais honnêtement, on y fait même pas attention, l’instant présent l’emporte sur toute autre chose. L’extase est présente et on en revient toujours pas de l’exploit réalisé et d’où on en est arrivé après tout notre parcours. On reste plusieurs minutes pour admirer le spectacle. Peu de mots sortent de nos bouches, on est bouche bée à se remémorer ce qui nous a amené au sommet de cette montagne. Une vraie aventure de grands zinzins, je l’avoue.
On retourne ensuite se réchauffer au logis et préparer notre départ. Sur le site, il y a pleins de chemins pour admirer la vue alentour. On en fait encore une autre pour admirer le côté ouest du sommet et on recroise une dernière fois Tatsuki pour une photo avant nos départs respectifs. A ce moment, je me rappelle que maman m’a donné un petit kangourou en peluche pour me tenir compagnie lors de mon départ, j’en profite pour les photos. Et quand même quel petit signe du destin d’avoir ce petit animal avec moi pour vivre de belles expériences en compagnie d’un australien.
Départ 10h30 : La descente quoique trop rapide est un vrai plaisir à effectuer, surtout mentalement. On prendra le passage par le Sud pour atteindre Takayama. C’est l’option la plus longue que l’on prend car le chemin plus court par le Nord est constitué de multiples tunnels et les avis négatifs sur ce passage dans les différents groupes Facebook de cyclisme au Japon nous font nous dire qu’il vaut mieux l’éviter.
On a de beaux points de vues et belles couleurs sur le chemin mais l’important aujourd’hui sont les bornes à faire pour atteindre Takayama. On pédale avec cadence. La fin dans le noir est assez rude, je dois le dire.
On arrive à 20h sur Takayama. Vincent s’endort direct au lit avec les fringues mdr. Moi j’ai encore faim et je vais tester le Mcdo encore ouvert tardivement. Et comme le reste des restos du pays, la nourriture est franchement pas chère en comparaison de chez nous, avec un menu + des nuggets pour même pas 8€.
Après ça, je suis cuit, go dodo.
Jour 31 Takayama à Hida Furukawa (22 km)
Aujourd’hui, on prend notre temps avec Vinc’ après les efforts physiques colossaux des derniers jours. On visite tranquillement Takayama. Le centre ville est très beau, typique à l’ancienne, à la japonaise avec ces petites maisons en bois traditionnelles et ces rues exiguës.
On voit plein de restos de steaks wagyu qui ont l’air un peu attrape-touriste mais bon ça doit quand même être bon.
La rivière et les ponts où l’on voit les hérons et canards sont apaisants pour nos cœurs de vagabonds perdus au cœur du Japon.
On se sépare rapidement pour conflit d’envies culinaires 😛 Je vais me commander de belles brochettes et une soupe rassasiantes dans les hauteurs de la ville puis, visiter le sanctuaire Hie Jinja. Toujours une inspiration du film Your Name (et pas la dernière du trip avec mes prévisions :P) qui me fait un bel effet mystique encore une fois (ce sera toujours le cas pour les sanctuaires nichés dans les bois).
Je retourne voir Vincent qui a rencontré un artiste suisse fan d’œuvres de certains potiers japonais, tout en dégustant un warabi mochi accompagné de mélasse vraiment très bonne. Le suisse est ici pour une conférence sur l’art qui se déroule dans la région, quelque chose d’assez reconnu internationalement il semblerait. Un vrai échange sympa sur l’art avec lui en tout cas.
Mais ce n’est pas tout, on doit quand même avancer légèrement sur notre trajet et atteindre Hida Furukawa. ET VOILA le 3ème spot Your name avec la fameuse gare du héros en recherche de sa dulcinée. Par contre, la flemme d’attendre une heure pour voir un train arriver et obtenir la scène exacte du film.
Le reste de la ville est tout aussi sympa, je recommande d’y passer en combinant une visite avec Takayama et du village de Shirakawa Go (que l’on visite demain). On peut voir de petits cours d’eau tout mignons avec des carpes que l’on peut nourrir, de petits temples et ruelles mignonnes avec des alentours qui donnent la sensation d’être au milieu de nul part au Japon. Surtout que c’est bien moins touristique que les deux autres attractions de la préfecture.
On se dirige pour notre spot nuitée du jour : pour se poser en petits délinquants dans un camping voisin sans réservation encore une fois car personne à l’accueil, comme d’hab. On y rencontre 2 motards avec qui on tape rapidement la discute avant de dormir, un allemand traducteur de jeu vidéo et un japonais vraiment à la cool.
Jour 32 Hida Furukawa à Shirakawa Go (47 km)
Objectif Shirakawa Go avec une belle grimpette en perspective. Vincent veut partir plus tôt, je lui laisse donc la priorité pour entamer son chemin et le rejoindre plus tard dans le village historique.
La montée inévitable avant de redescendre sur le village picote pas mal. Au sommet, je rencontre une garde forestière qui s’occupe du domaine protégé des alentours. Je décide de supporter l’action en payant une petite entrée pour faire une balade d’une heure. Les marécages automnaux sont sympas et je croise même un serpent sournois mais qui se barre plus vite que je ne le remarque. Belle frayeur.
En repartant, la descente à vélo est tellement kiffante. Avec ses lacets, on peut envoyer la sauce sans être trop en danger, le pied ! D’autant plus après la peine de la montée bien épicée.
Au moment de garer le vélo, je vois les maisons du village de Shirakawa Go au loin, la vue est superbe, ces japonais de l’ancien temps se sont trouvés un super spot au milieu des montagnes. Les maisons au toit de chaume ont vraiment quelque chose. Cette couche de paille massive (parfois un bon mètre d’épaisseur) en guise de toit, les cordages pour garder la structure impeccable des poutres, un vrai savoir-faire historique de charpentier se dessine devant nous, simples visiteurs. Chaque coin du village est photogénique, par la lumière, la nature autour ou au cœur du village, les fleurs, les cours d’eau etc… On pourrait passer des heures dedans juste par contemplation.
Je pars ensuite déguster quelques tranches du Hidagyu (le bœuf de Hida, style wagyu de la préfecture). 3 morceaux sont suffisants à tel point qu’ils sont goutus et gras. Pour accompagner cela, j’ai même du poisson de rivière (Iwana, la truite arc en ciel) et des sobas.
Les serveuses sont adorables et me laissent, comme toujours, charger mon portable et ma batterie.
Je recroise rapidement Vincent pour profiter du coin une dernière heure. Je prends une délicieuse glace pour le goût et me rafraîchir de la chaleur ambiante. Malgré les retrouvailles, notre duo va encore devoir se séparer car je souhaite visiter le Sud de la préfecture de Gifu alors que Vincent veut voir Kanazawa et la côte Nord de la région. On espère tout de même se revoir sur son chemin final entre Kyoto et Osaka avant qu’il rentre au pays et que moi je continue vers l’Ouest.
De demi adieux émotionnels prennent place avant de pédaler dans des directions opposées. Je m’eclipse rapidement trouver un endroit pour camper et checker si mon matériel va bien avant l’arrivée en terres moins rurales sur la prochaine semaine.
Jour 33 Shirakawa Go à Gujo Hachiman (91 km)
Départ 9h20 : je visais initialement Gifu à 130 km mais vu mon état de forme un peu refroidi et ma cadence, je réduis les ambitions pour atteindre Gujo Hachiman.
Les chemins sont sympathiques avec quelques pointes à grimper mais ça se fait sans trop de soucis. Je goûte un bon misokatsu (porc pané avec de la sauce miso) près d’un parc d’attractions somme toute random au milieu de la forêt et des montagnes. Les gens sont adorables, ce resto fait aussi des cours d’entraînements pour l’éducation des chiens, je ne comprends rien mais l’initiative me plait.
La fatigue me gagne mais je parviens à Gujo avant la nuit pour profiter des dernières lueurs dans la vallée. Sans personne dans les rues, l’ambiance du vieux Japon traditionnel et pour une fois sans câbles électriques en l’air fait un bel effet.
Le traditionnel cours d’eau qui apaise les cœurs des villages japonais traverse les rues. Le château perché à plusieurs dizaines de mètres de haut fait réellement office de gardien sur la vallée. Se réadapter à voyager seul est aussi un challenge comparé à la facilité d’échanger lorsque l’on a un acolyte avec soi.
Le soir tombant, je m’arrête prendre un excellent café et un super pain perdu dans un des recoins de la ville au Ebanatawa. Cette douceur peu sucrée avec une bonne glace au chocolat me font oublier la maladie et me rappellent une des raisons pour laquelle je fais ce genre de trip. Qu’importe la sensation du moment (bonne ou mauvaise), on rencontrera tôt ou tard toujours quelque chose pour nous réconforter. Aujourd’hui ce serveur et ses délices, demain peut être autre chose, on verra bien.
On peut apprécier de jolis néons la nuit tombée, dont un représentant la danse de la ville, réalisée lors d’un festival d’été où les habitants la répètent toute la nuit jusqu’à 5h du matin, le Gujo Odori.
Pour terminer, je fais quelques kilomètres dans la nuit noire complète (rappel : je n’ai plus de lumières) c’est relativement effrayant. Tout cela pour atteindre un camping qui encore une fois se retrouve fermé alors qu’il n’est même pas 18h. Je décide donc d’être un squatteur et poser ma tente proche des toilettes avec une prise pour l’électricité.
La nuit ne fait que commencer avec un super déluge arrivant, ma tente installée sur les cailloux, l’eau stagne autour. Elle même commençant à se faire vieille, la même qu’aux Balkans, l’eau pénètre et je dois me débrouiller pour rester au sec avec le matelas et le sac de couchage. Mon Poncho imperméable fera office de tapis de protection …
Ma nuit ne va pas être très reposante avec le bruit des gouttes permanent… Demain sera un jour meilleur, je l’espère.
Jour 34 Gujo Hachiman à Gifu (53 km)
Réveil la tête dans le c*l pour cause de pluie de la veille. J’essaie partiellement de laisser sécher ma tente, mais bon, je le ferais sérieusement ce soir avec un stop dans la ville de Gifu et une auberge sympathique.
Je pars donc en vitesse avant qu’une personne du camping ne puisse me voir et je file suivre le cours d’eau qui va me guider hors des montagnes du Nord de la préfecture et vers le plat du Sud. Sur le chemin, je contemple une troupe de macaques japonais esquivant ma présence. J’essaie de les suivre un peu, et il semblerait qu’ils se soient accoutumés à vivre près des habitations sans trop rester avec les humains non plus. Je perds au moins une heure à les admirer. Ils sont si malicieux, j’adore ! Je vois même un bébé accroché au ventre de la maman qui fuit.
En observant, je croise une vieille dame. On échange comme on peut pour qu’elle me dise que la cohabitation se passe bien avec les Saru (singe en japonais). Je ne rencontre pas beaucoup d’animaux sur ce trip donc j’en profite sur les quelques-uns dont j’ai la chance de pouvoir les observer.
En quittant mes amis simiens, j’arrive sur Mino, ville célèbre pour son papier Washi et un festival honorant l’art d’en faire des oeuvres à part entière.
Le musée du papier est sublime, dire que ces structures fragiles sont illuminées un soir dans l’année dans les ruelles me fait me dire que ce serait exceptionnel de pouvoir profiter de ça, une prochaine fois peut être 🙂
La visite peut se poursuivre en allant créer son propre papier dans une fabrique mais c’est un peu trop à l’écart pour moi, je veux arriver à temps à mon auberge du soir. Je vais donc seulement visiter la maison où le papier fut créé autrefois. Un guide me donne quelques anecdotes sympas. L’ancienne cheminée a laissé place à un puits de lumière très intelligent pour l’éclairage intérieur. Les portes sont toutes faites avec des petites lattes en bois et le fameux papier. Il y a une règle de collage et des dimensions à respecter pour utiliser correctement le papier d’ici comme “mur” des maisons.
Le guide me montre que l’empereur du Japon et la famille Rockefeller sont venus visiter l’endroit dernièrement.
Le petit jardin en cour intérieur est onirique. Il y a même un “orgue” hydraulique, si l’on laisse couler l’eau on peut entendre une douce sonorité sortir du sol. Au fond du jardin, on peut profiter d’un mini sanctuaire avec des sortes de cœurs gravés sur les différentes pièces, et bien enfaite non, cela représente les yeux de sanglier qui porteraient chance. C’est pour cette raison que les gens prient pour la santé et le succès ici.
Le guide me voyant voyager en vélo me fait comprendre que le tour du Japon passe par ici aussi. Je lui dis que bien malgré ma belle performance en voyage, je ne peux rivaliser avec les machines de guerre qui font cet exploit haha, on se marre bien.
Pour finir, on peut admirer les beaux détails des tuiles et coins des maisons sur les toits, un vrai travail d’orfèvre, je suis en pleine admiration.
C’est pas tout ça mais mon ventre gargouille et me réclame de la nourriture un peu plus exotique, je tombe sur un indien bien bénèf !
Après ce délice de Mumbai (j’en sais rien), j’arrive enfin sur Gifu. Je n’ai jamais vu un château perché aussi haut sur une “pointe” de montagne, ça claque vraiment. Mais avec le temps très brumeux et humide, je me dis que ce n’est pas la peine de monter aujourd’hui. Je découvre aussi une statue de Oda Nobunaga qui est le premier des trois pères fondateurs de l’ère Tokugawa afin d’obtenir un Japon unifié. En fait, il est originaire d’ici, expliquant sa statue.
Il y a aussi la « pêche au cormoran » est une tradition ici et l’on y voit pleins de références sur des statues, oeuvres d’art ou bien plaques d’égouts (oui, les japonais ont des plaques d’égouts très stylées).
Arrivé à l’auberge, je rencontre une clique bien sympa avec un suisse qui voyage aussi en vélo. On me dit qu’on va manger curry, je pensais d’abord à un curry japonais… et bien non un bon curry indien 😀 mdr. Je n’ai pas mangé indien depuis au moins un an, et maintenant deux fois dans la même journée. Aller c’est parti pour faire travailler les intestins et le sphincter comme jamais HAHAHA. Tout était excellent et le Naan c’est clairement un de mes pains préférés.
L’aller et le retour se font sur nos fidèles destrier mais les sacoches en moins, l’impression que c’est presque trop facile de pédaler comme ça a vide. Et direction dodo après avoir étendu toutes les affaires lavées ou humides de la veille, on croise les doigts pour un séchage express.
Jour 35 Gifu à Sekigahara (37 km)
Départ 10h : Direction le lieu de la bataille la plus importante du Japon féodal : Sekigahara.
D’abord, je dois remplir ma liste de course :
- magasin de vélo pour checker si des pneus similaires à mon vélo sont dispos en magasin (on sait jamais)
- magasin de camping pour m’acheter une bouteille de gaz et une lampe frontale car j’ai perdu la mienne dernièrement
- course de nourriture.
En trouvant un magasin outdoor pour le camping, je tombe par hasard en face d’un magasin Tenga 😀 ce sont les fameux s*xtoys pour homme japonais. Me jugez pas, j’ai pas fait exprès de tomber dessus promis.
Après cette bonne barre de rire et les courses faites, je tente la dégustation d’Unagi que j’attendais depuis longtemps. C’est un plat à base d’anguille spécialité de Gifu (et d’autres régions possédant beaucoup de rivières) qui est marinée et cuite dans une sauce très foncée servie sur du riz. En fonction des formules, on a plus ou moins de morceaux et peut être d’autres accompagnements ou manière de les manger.
C’est la première fois que je mange de l’anguille. Je dois confirmer que c’est très bon, très juteux, on sent peu ou pas la “rivière”. C’est assez gras (d’où la jutosité du produit fini) mais avec la formule que j’ai prise c’était juste la bonne dose avant d’atteindre l’écoeurement donc nickel.
Petit aparté Historique sur la Bataille de Sekigahara
J’arrive rapidement au musée de la bataille de Sekigahara, juste avant sa fermeture.
Je souhaite mieux comprendre les fondements de la période la plus connue du Japon. Celle dominée par les Samouraïs et qui aura vu le pays se fermer sur lui-même, n’autorisant pas (ou très peu) d’étrangers à pénétrer sur son territoire. La bataille en est le tournant pour la fondation de ce système pérenne de plus de 200 ans.
On peut y apprécier plein de matériel, tenues de combats et autres outils historiques de l’époque et de la bataille spécifiquement.
On y voit aussi les personnages les plus importants du conflit interne qui a donné lieu à ce climax de combat.
Ne connaissant que Tokugawa Ieyasu par le nom et les visites à Nikko (cf Jour 21), j’en apprends plus sur sa stratégie (machiavélique) et son duel frontal avec un autre protagoniste : Ishida Mitsunari lors de la bataille.
Comme je l’expliquais la veille, on peut voir 3 personnages principaux dans une volonté de pacifier et unifier un Japon très décentralisé et sujet à conflits internes entre petits royaumes et seigneurs. Oda Nobunaga le premier, a confié sa volonté à Toyotomi Hideyoshi qui part plusieurs événements a réussi à conserver un semblant de paix. Il légua sa volonté d’un Japon pacifié à plusieurs disciples (dont Tokugawa et Mitsunari) qui devraient mener la mission à bien MAIS sans un souverain unique (comme contre pouvoir à l’empereur). Cependant Tokugawa ne l’entendait pas de cette manière là et 2 ans après la mort de Hideyoshi, la bataille éclata déjà.
Elle résulte de nombreux mouvements stratégiques (mariages, alliance, trahison) de Tokugawa pour obtenir une majorité d’allier et contrer tous les potentiels autres disciples à finir au pouvoir. C’est ainsi qu’une armée de l’Ouest (Osaka-Kyoto, le Kansai et plus à l’Ouest) menée par Mitsunari, s’oppose à l’avancée de l’armée de l’Est (Edo, qui est l’ancienne Tokyo et le reste du Nord) menée par Tokugawa pour obtenir les pleins pouvoirs.
Mitsunari devient un chef malgré lui après qu’un des potentiels leaders ne se désiste. La flamme d’Hideyoshi le guidera jusqu’à la plaine de Sekigahara. C’est ainsi qu’en une matinée, un des événements les plus marquants du Japon se termina. 2-3 mouvements de filous de Tokugawa pour convaincre un allié de l’Ouest à la traîtrise suffisa pour contrecarrer leur stratégie, pourtant initialement en surnombre.
Malgré la tendance qui s’inverse, les vaillants guerriers de l’Ouest se défendirent jusqu’au dernier souffle. Ceux pour qui l’honneur était baffoué, effectuent un seppuku (le suicide rituel). Mitsunari est capturé et exécuté quelques semaines plus tard.
Plusieurs autres conflits finirent d’établir la domination du clan Tokugawa pour les deux siècles et demi à venir. L’Ère Edo prend place et l’Ouest (le Kansai majoritairement) deviendra soumis à l’Est, ce qui explique aussi une certaine rivalité entre Osaka/Kyoto contre Tokyo pour la région la plus influente et forte du pays encore aujourd’hui.
Ce qui me marque, c’est que de base on ne connaît que Tokugawa à l’étranger, la domination de ses descendants et les deux autres fondateurs importants de cette période. Mais lorsque l’on visite les lieux et analyse les films associés à la bataille, on ressent plus une personnification de héros pour le perdant : Mitsunari. Et plutôt une représentation péjorative de Tokugawa, ce qui est assez curieux. Peut être que pour les mœurs et valeurs actuelles le comportement de Mitsunari est plus attrayant et louable que celui de Tokugawa. C’est mon humble interprétation du jour.
Bonus : Si vous passez par le musée, allez checker le casque que Mitsunari aurait potentiellement porté ça vaut son pesant d’or, peut être pas pratique mais il devait avoir la classe.
Je visite les alentours qui montrent les différents point simportants de la bataille, j’y vois même des lycoris rouge, qui, par pure coïncidence, sont représentatrice des morts. Peut être un lien avec cette bataille sanglante d’il y a 4 siècles qui sait.
La nuit tombe et je dois me dépêcher, je trouve une place dans un camping à l’arrache encore une fois sans réservation car l’accueil est fermé.
Jour 36 Sekigahara à Moriyama (Shiga) (86 km)
Au réveil, je me fais gauler par le proprio du camping pour me dire que j’aurais dû réserver. Je lui explique la situation que je viens juste payer sans soucis mais que hier il n’y avait personne. Et comme d’habitude il me dit que j’aurais dû appeler, ce que je ne peux pas faire bien sûr mais bon on fait comme si on disait oui et je paie ma nuit : Bye Bye.
Je pars en direction du plus grand lac du Japon, le Biwa Ko.
Sur la route, j’aperçois une voie de Shinkansen bien longue que l’on peut admirer. Je vois aussi une pause récré des gamins d’une école sur leurs aires de jeux typiques. Ils font des chorégraphies bien élaborées.
Pour terminer, je vois de sublimes maisons à tuiles bleues, c’est super beau ! Je veux les mêmes à la maison haha.
Je passe à Nagahama. Petite ville très sympathique sur le large du lac, j’ai beaucoup aimé son ambiance tranquille et pleins de petites échoppes / magasins où les gens semblent super gentils et accueillants, je recommande chaudement.
On dirait Takayama sans touristes. Ils ont également un beau Daibutsu (méga statue de buddha) dans un endroit un peu random en sortant de la ville vers le Sud.
Le reste de ma journée consistera à bombarder les kilomètres et admirer le lac. Avec sa grandeur pas étonnant qu’il y ait des vagues, c’est presque une mer. Je m’arrête encore sur Hikone pour visiter le château et les jardins alentours, encore une autre bonne raison de passer voir ce lac et les activités qu’on peut faire c’est très beau et authentique.
Avant la tombée de la nuit, je cherche encore à trouver des champs de cosmos. Ces fleurs que j’ai pu voir de temps en temps dans des prés ou chez les gens. Je suis devenu un fan inconditionnel de cette fleur qui donne une impression d’être ondulée comme une robe. Magnifique.
Ce n’est pas tout mais ce weekend, c’est un weekend de 3 jours et tous les japonais sont donc de sorties, ce qui signifie que mon idée de camping gratuit autour du lac est partiellement bonne, le spot est bondé. Mais je trouve finalement une bonne place pour profiter pleinement de l’endroit.
Quand je suis installé, je me dis que je devrais réserver mes nuits sur Kyoto pour le lendemain. Mais avec ce weekend prolongé, tout est déjà réservé et ce qui reste est hors de prix. Je prends donc une décision radicale mais avisée. Je vais garer mon vélo au parking à vélo de la gare de Kyoto et prendre le train pour Osaka. J’irais visiter la cité atypique de la baie et sa voisine Nara, sans vélo pour un vrai break de plusieurs jours.
Je retournerais ensuite sur Kyoto voir Vincent et continuer mon périple vers la côte Nord de l’Ouest du Japon.
Avec toutes ces planifications, le sommeil me gagne de cette semaine marquée par les découvertes historiques et de la fin des dénivelés extrêmes du centre du pays.
RDV au prochain numéro pour découvrir la surprenante Osaka et sa copine Nara !