Le Japon est un pays qui me fascine depuis des années. Suivant plusieurs créateurs de contenus sur place et me renseignant beaucoup sur la manière de voyager dans ce pays, j’en conclus que ma vision de traverser ce pays à vélo pourrait un jour m’être accessible si tant est que je sois assez courageux pour amener mon vélo jusque là-bas.
Après le premier trip à vélo dans les Balkans, je décide de m’installer en Europe Centrale, plus précisément sur Bratislava (Slovaquie). Avec une situation stable, je me conforte dans mon quotidien établi là-bas. Pourtant je sens qu’il me manque un peu d’aventure.
Le rêve nippon me trottant avec insistance dans la tête, le projet naît début 2023 pour démarrer fin août. Mon manager me permet de partir 2 mois avec des congés sans solde. Je suis bien sûr ravi. J’établis donc le parcours, d’abord tenté de faire les 3-4 îles principales de l’archipel, je me rends compte que le timing serait trop serré en voulant profiter du temps et de la culture japonaise. Je me rabats donc sur un plan de traverser 90% de l’île principal : Honshu. D’Aomori, la ville la plus au Nord de l’île, jusqu’à Hiroshima, une des villes les plus au Sud. Un projet somme toute simple, le Japon n’étant pas si large, je peux plus ou moins guider mon itinéraire sur le long de la “banane” (comme j’aime à l’appeler) japonaise. Pourtant la décision des points de visite est plus complexe que pour le premier grand voyage, un vrai casse-tête. En me renseignant beaucoup les mois en avance, je finis par en avoir trop et d’être frustré sur quels points prioriser ou non. C’est dur mais j’élabore un plan plus ou moins complet tout en laissant place à la surprise si certaines suggestions arriveront.
En tout cas, je peux dire merci à Jipangu (carte de recommandations de créateurs de contenus sur le Japon), en particulier celle de Guigui d’Ichiban Japan que je recommande chaudement (blog et chaîne youtube). Il est plus ou moins la raison principale de ma motivation de découvrir ce pays que je suis au travers de ses voyages.
Le jour du départ est rude, se séparer de sa famille n’est jamais évident. Quand c’est pour 2 mois dans un pays assez sécurisé ça va mais l’angoisse du transport de mon vélo et du matériel s’ajoutent et me rongent jusqu’au dépôt des cartons. C’est ainsi que j’embarque pour mon pays des rêves depuis Zürich tout en encaissant l’escale à Doha et le décalage horaire à l’atterrissage au Japon.
Trajet final du Nord au Sud
Jour 0 Arrivée sur Tokyo (Haneda) et direction le centre de cette ville tentaculaire (25 km)
Arrivée à 23h30 heure japonaise à l’aéroport de Haneda. C’est celui le plus proche du centre ville afin de l’atteindre à vélo rapidement le lendemain.
Premier choc culturel, le nombre d’employés indiquant le chemin pour les passeports alors que les bandes de direction feraient l’affaire. Je sens que les métiers partiellement inutiles du Japon vont vite me faire effet haha. Le passage prend un peu de temps mais ça va.
Mon angoisse première est de voir l’état de mes cartons. J’attends beaucoup mais on me fait signifier qu’un monsieur va venir me l’apporter, ce qui est le cas 5-10 minutes plus tard. Quelle gentillesse 🙂
La partie de plaisir peut à présent commencer. Remonter un vélo à 1h du matin sans se rappeler proprement de toutes les étapes lorsque l’on est complètement fatigué, c’est tout sauf évident. Je vous le confirme, je mets près de 3h pour finalement quitter ce satané aéroport avec un vélo remonté et des sacoches bien accrochées. Je ne veux pas laisser de traces derrière moi, je détruis donc le carton, un allemand un peu perdu m’aide à la tâche.
Je vais tranquillement à l’hostel profitant d’une douce chaleur agréable pendant la nuit.
Par contre, après le check-in, je m’endors comme une enclume sans réveil … Problème, le checkout est à 10h et on me réveille à 10h05 me disant que je devrais partir… Grosse panique, je demande à pouvoir rajouter une heure du fait de mes complications de la nuit. Le monsieur accepte par gentillesse, voyant ma tête éclatée par ma nuit mouvementée.
Après le checkout en urgence, je rencontre un British en Doctorat sur les mobilités douces, comme le vélo (pas sûr du sujet exact de sa thèse). Je vais ensuite à mon premier Konbini, le fameux 7/11 (Seven Eleven) dont tout le monde parle. Les konbini, en particulier 7/11 (aka Seven Eleven), seraient les meilleurs pour des retraits d’argent avec le moins de frais et les horaires d’ouverture 24/24.
Direction le centre pour trouver quel transport sera mon meilleur allié pour rejoindre le Nord du pays.
Sur le chemin, je me balade de magasins en magasins pour trouver un adaptateur pour prises japonaises. Les gens sont adorables pour me guider. Quand j’obtiens le Graal pour me charger, un monsieur m’indique gentiment où je pourrais le faire sans soucis, mon dieu, je les aime déjà. Après la recharge, je vais mettre 2 bonnes heures pour atteindre le centre-ville à vélo, ce qui me laisse amplement le temps de ressentir la chaleur humide du Japon de la fin de l’été (32 degrés annoncé mais 39 au ressenti, yes), c’est irrespirable sans clim honnêtement.
Je tente de voir si des compagnies de bus offrent le transport avec mes bagages mais il semblerait que ce soit râpé … Le transport le moins cher du pays ne veut pas de moi (ou plutôt de mon vélo).
Je me réserve donc une nuit près du quartier de Ueno (et sa gare) pour viser cette même gare le lendemain et prendre le train (seule option dispo avec mon gros vélo) direction ma ville de départ, Aomori.
Arrivé à l’hostel, je vais rapidement visiter Asakusa de nuit en profitant d’une belle lune, les bâtiments historiques (reconstruits) et la Tokyo Skytree en arrière plan donnent une ambiance mystique à ce moment déjà intense d’émerveillement.
Je mange par la suite dans un bouiboui d’Izakaya (petit resto jap où l’on mange un peu de tout style street food sur assiette avec de l’alcool). Je prends des ramens sans savoir qu’ils sont juste à l’œuf mais pas grave c’est bon et le couple d’ancien gérant l’enseigne me donne du baume au cœur.
Par contre, les menus seront durs à lire. Je connais mes kanas (lettres “syllabiques” japonaises apprises en 2-3 semaines) mais pas beaucoup de kanjis (idéogrammes importés de Chine composant bien 70-80% de l’écriture japonaise, qui prennent bien des années à être acquis). Ça va être une partie de plaisir de lire les menus… Heureusement que des traducteurs existent 😀
Bon, je vais me coucher à présent et espérer atteindre le Nord facilement demain tout en transportant mon fameux destrier sain et sauf. Vous pourriez vous demander mais pourquoi ne visite t’il pas Tokyo dès son arrivée ? L’idée étant que je souhaite rapidement démarrer mon trip en allant au Nord moins chaud que le Sud et de profiter de Tokyo quand les températures d’Octobre/Novembre seront plus clémentes.
Jour 0 BIS Départ de Tokyo vers le Nord de l'île principale Honshu / Aomori
Je cherche à partir assez tôt pour me prendre une belle journée de visite d’Aomori et de faire un bon démarrage… Ça ne se passera évidemment pas comme prévu.
Ma première expérience de rigidité face aux règles japonaises va se manifester. Je m’étais renseigné qu’un Rinko Bag (sac spécial pour transporter les vélos) était recommandé pour transporter son destrier. Mais je ne connaissais pas bien la règle de taille maximale pour rentrer dans le Shinkansen (TGV japonais), et surtout qu’il fallait démonter l’engin bien avant les quais dès l’entrée de la gare.
La partie de plaisir commence pour tenter de négocier avec les contrôleurs alors que j’avais déjà acheté mon billet pour dans moins d’1 heure… Le total doit être de 250 cm : Hauteur x Longueur x Largeur. Enlever ma roue avant avec les portes bagages ne me fait que descendre sur 280 cm, c’est balo mais je peux comprendre. J’enlève une autre partie et là leur mesure hasardeuse tombe sur 252 cm, 2 cm de trop… Et bien figurez vous que ce n’était pas possible 😀 J’ai donc dû démonter encore un autre morceau pour enfin passer sous les 250 cm. Bien sûr, je rate le train et doit repayer une partie (110€ avec 40€ pour la réservation de place qui est donc à repayer : 150€).
Vient ensuite le déplacement de toutes mes sacoches, la tente et le vélo démonté jusqu’aux quais, qui me prend encore une bonne trentaine de minutes d’aller-retour. Récupérer et soulever les différentes parties sans perdre trop de vue celles que je laissais derrière moi un court instant prend du temps.
Bon, j’arrive péniblement dans ce train pour enfin me reposer et vivre l’expérience Shinkansen. C’est vrai que c’est agréable, beau profil et belles couleurs pour ce bijou ferroviaire, les sièges y sont tout confort. Je comprends également mieux les limites de taille pour amener un vélo. Je dois le poser en transversale par rapport au train et derrière mon siège. Si ma bécane avait 20 à 30 cm de plus, le passage dans l’allée du wagon serait plus compliqué. Installé, je rencontre un gentil Monsieur qui me parle de la région, ou plutôt préfecture comme on dit au Japon, que je vais rejoindre : Aomori. Il m’indique les spécialités, les endroits à voir etc…
En arrivant à la gare, je dois passer plus de 1h de galère à remonter le vélo comme il faut (avec une roue légèrement voilée au final, oups). Je vais goûter une spécialité de la région, la Saint-Jacques (Hotate) frites comme un beignet, c’est pas mal mais pas foufou quand le ventre est vide.
Pour les régions côtières du Nord, elles sont réputées pour une superbe qualité de fruits de mer et exportent souvent dans le reste du Pays.
Je vais ensuite vers la côte visiter le musée du fameux Matsuri (Festival en japonais) du Nord : Nebuta no ie Warase. Les structures faites de papiers dont l’ossature est faite de morceaux fins de bois sont splendides. Le jeu de lumière favorise l’aspect que la structure en papier tient toute seule sans les morceaux de bois de l’intérieur. Les structures peuvent faire entre 9m de haut et 12m de long, c’est énorme ! J’ai également droit à un rapide cours de Taiko (tambour de festival Japonais).
L’idée de ce festival de début août (sur plusieurs jours) est de chasser les esprits pour les récoltes et la pousse de l’automne approchant. Par exemple, on a encore du riz qui arrive au Japon dans ces périodes du début de l’Automne.
Il existe 2 autres festivals similaires et un peu plus petit dans la région, comme le Neputa (vous remarquerez le P au lieu du B) Matsuri à Hirosaki qui est la deuxième ville de la préfecture.
Nebuta Warase le musée et ses magnifiques structures pour le festival
Je me fais un démarrage de préchauffe avant le début de la nuit et surtout avant le lendemain qui sera réellement le départ de mes aventures cyclistes nippones avec, je l’espère, du beau temps et un bon esprit. Je bois mon cidre acheté à la “A Factory” du musée en posant ma tente au milieu des rizières.
Il est temps de prendre mon somme ici et de vous laisser découvrir le vrai début de mon aventure cycliste nippone ici.