1er Septembre 2023 :
Après avoir timidement démarrer mes aventures nippones, je vais enfin pouvoir activer la machine et lancer le projet Japon 2023 : la traversée de Honshu (Aomori jusque Hiroshima). En débarquant à Aomori, je trouve un petit spot camping en bordure de rizière pour la nuit… Mes aventures au Japon vont rapidement prendre une tournure particulière dès le premier jour.
Voici mon histoire d’Aomori, Akita puis Iwate :
Les vraies aventures peuvent à présent commencer. Je tiens à partir tôt et finalement même plus tôt que prévu car un paysan voulant nettoyer les bordures de rizières me chasse et on peut voir dans ses yeux que ma présence est clairement inattendue. Je lui demande 30 minutes de plus pour déguerpir. Mais quelle frayeur d’entendre la petite voiturette de campagne s’arrêter juste à côté de sa tente à 4h du matin x)
Mon sommeil brisé, je démarre malgré moi pour une route qui devrait être courte pour atteindre un sanctuaire connu pour son chemin de Tori (fameux portails généralement rouges dans la religion Shinto).
Je dois cependant faire un détour car la route est fermée, Komoot n’est bien entendu pas au courant … mais Google Maps m’indique un chemin plus au Nord, aller ! 30 km de Bonus pour le premier jour déjà, le mental challengé dès le début après les mésaventures de transport du vélo en train. Je sens aussi que ma préparation plus légère que pour mon premier voyage se ressent. Chaque montée est un challenge, j’ai de la chance que mes premières journées soient relativement plates.
J’arrive difficilement au sanctuaire Takayama Inari Jinja, et quelle récompense, une vraie beauté avec pas plus de 10 personnes sur tout le complexe. J’assiste même partiellement à une prière -> Anecdote humoristique : je ne connais que très peu les coutumes locales pour le début de cette aventure. Pour entrer dans le sanctuaire, je vois que des chaussures sont posées sur les côtés, je décide donc de faire de même et vois aussi une paire de chaussures en bois dont je me dis qu’il faut les porter pour pénétrer dans le lieu saint, et ben pas du tout. J’ai juste emprunté les souliers d’un des prêtres de la prière hahahahaha. Je cours donc vite à l’entrée pour me déchausser et assister aux dernières minutes de la séance incognito. Les erreurs culturelles vont sûrement me hanter durant ce trip 😀 Je me sens très bête sur le coup mais au moins je rigole bien tout seul.
Je vais ensuite vers Hirosaki à 50 km. Sur le chemin je m’arrête dans un petit resto tout charmant avec une serveuse adorable (je sens que le service sera toujours super aimable et attachant dans les restaurants). Petit Katsu Kare (curry sur du riz avec du Porc pané) à 6 euros et succulent pour mon palais. Oishii desu (c’est très bon !).
Cette journée ne pourrait pas être assez éprouvante sans ajouter une pincée de pluie. Quelques rafales me prennent au dépourvu mais je tente d’éviter le nuage avec ma super vitesse (en y arrivant partiellement). Je veux également goûter une pomme sachant que la préfecture d’Aomori, étant très paysanne, est aussi connue pour ses pommes (productrice numéro 1 du pays). J’en “vole” une tombée d’un pommier, je confirme c’est très bon et la taille est gigantesque, je mets bien 10 minutes pour la consommer. Les pommiers sont présents sur tout mon chemin jusqu’à l’auberge dans la ville de Hirosaki.
Après avoir déposé mes affaires, je vais rapidement profiter de sashimis (tranche crue généralement de poisson mais également de la viande ou autre) dans un Izakaya tout mignon (Asobi). Je remarque que ma tête d’occidental un peu paumé fait son effet, les gens me questionne assez vite.
Ayant eu les conseils d’un japonais (Yuki) par le biais d’une amie slovaque, je vais au bar situé juste derrière et rencontre une femme / gérante formidable. Je discute avec le groupe de clients comme je peux, un mélange d’anglais, de japonais et de Google traduction, jusqu’à ce que la gérante comprenne que je suis ici grâce à une de ses connaissances.
La situation est marrante et c’est comme ça qu’elle contacte une autre connaissance commune qui comme par hasard est de sortie avec des professeurs de français (dont un effectivement français). Je finis même au téléphone avec ce français et je suis tout perdu ne comprenant pas ce qui se passe.
Quand le groupe arrive l’ambiance est géniale et un échange super intéressant sur le Japon et la vie des profs de français prend place. Je rencontre donc Eiji, la connaissance de la patronne, Shinnosuke et Hiro profs de français d’origine japonaise et Ghislain, le prof de français français 😀 Ghislain m’explique plus en détails sa vie au Japon depuis plus de 12 ans, sa présence sur Kyoto, ses voyages linguistiques, son rôle d’interprète pour l’équipe de France de volley pendant les JO de Tokyo mais aussi ses apparitions à la télé nationale. Cocorico ça représente 😛 , je suis fier de lui en vrai. Il me donne aussi quelques tips si un jour je me laisse tenter par la vie au Japon, je vais fortement y réfléchir 😛
Après plusieurs highball (cocktail simple à base de whisky et généralement d’eau gazeuse et glaçons) et un super cocktail avec du café (j’adorerais retrouver la composition), la nuit se termine à 2h du matin pour que je me repose tout de même un peu de ce premier jour cycliste très mouvementé. Je reste quand même sur le c*l de cette rencontre inopinée mais excellente.
Ce signe du destin pour ma première soirée me donne vraiment du baume au cœur. Je reprends aussi confiance pour tenter des dialogues avec des japonais même avec mon niveau assez limité.
Jour 2 Hirosaki à Odate (Akita) (67 km)
Je pars à 11h pour le spot Kikoojap du trip : Inakadate avec ses rizières artistiques. Tambo Art qu’on appelle cela. Le site possède 2 différentes stations, une avec plutôt des œuvres historiques comme La Jeune fille à la perle de Vermeer pour ma venue. Puis, l’autre station à 10 minutes en vélo représentait Luffy de One Piece (pour les connaisseurs émérites, à l’époque où le Gear 5 venait de faire son apparition dans l’histoire du manga). La majorité des types de riz utilisé (surtout les colorés) sont uniquement ornementaux et n’ont aucun intérêt nutritif. Ce qui est très intéressant avec ce pseudo Land Art c’est qu’en fonction de la période de pousse du riz l’aspect des conceptions changent et l’on pourrait les admirés 2-3 fois dans l’année pour voir les différentes couleurs avant la fauche.
Inakadate et ses rizières
Le temps file et je dois déjà continuer ma route. Petit stop sur Owani où je tombe sur une petite maison type germanique qui se nomme Schwarzwald (comme la chaîne de montagne allemande proche de ma région, ça m’a fait un petit effet) où le couple m’a accueilli gentiment pour me faire déguster leur beau petit assortiment de desserts. C’était délicieux et réconfortant comme toujours depuis que je suis ici 🙂 C’était vraiment hartzig (mignon), comme on dirait en alsacien.
Après cela, je quitte déjà la préfecture d’Aomori pour rejoindre celle d’Akita (comme la célèbre race de chien).
C’est tout de suite plus vallonné et pseudo montagneux, ce qui n’ira sûrement pas en s’arrangeant en allant plus au Sud … Les rizières sont omniprésentes c’est assez remarquable et bien sûr cela confirme le fait que les japonais en consomment énormément. La nuit commence à tomber avec un temps toujours légèrement pluvieux. Je m’arrête donc à la seconde recommandation de mon guide improvisé Yuki, Murasaki (signifiant violet), le restaurant qui concocte une des spécialités de la région : le Kiritanpo. Une sorte de bouillon avec plusieurs ingrédients de la région, du poulet et des sortes de “brochettes” de riz formés avec des bâtons en bois et cuites pour conserver cette forme de chapeau allongé. Mamma mia quel délice, les condiments apportent juste ce qu’il faut d’Umami pour que le tout soit harmonieux, réconfortant et succulent. La serveuse m’offre même un petit verre de jus à la prune (promis pas alcoolisé), très sucré mais bon aussi. Et au moment de payer, je reçois une attention qui m’a presque tiré une larme, une grue en origami (l’oiseau très respecté au Japon) avec un super beau papier. J’en prendrais grand soin <3 !
Je trouve un petit spot tente au bord de l’eau en espérant que personne ne me déloge cette fois-ci.
Jour 3 Odate à Kakunodate (116 km)
Départ assez tôt.
J‘arrive proche de Kita Akita (Akita du Nord) très vite dans la matinée où je rencontre un chanteur japonais, Toshi, qui me file son flyer de promotion. C’est l’animation du Onsen local, je trouve ça rigolo.
Pour le midi, je me teste le Oyakodon (qui signifie parent et enfant car le plat consiste en du poulet et de l’oeuf 😀 ils ont le sens de la description directe ces japonais). C’était très bon et comme toujours peu cher et ça remplit le bidon d’énergie.
Je me fait aussi les premières vraies difficultés à vélo avec des montées dans des tunnels assez effrayants, surtout lorsqu’un camion arrive, ça fait un vrai bruit infernal de fantôme qui se rapproche, j’ai connu plus agréable x)
J’arrive ensuite sur Kakunodate mon premier vrai village de Samouraï que je visiterais demain matin. La nuit tombe déjà (c’est très tôt au Japon vers 18h même en été) et je dois encore une fois camper proche d’une rivière. Ma technique pour trouver un spot safe pour que peu de gens me voient sera Google Maps avec l’option satellite pour inspecter les alentours et voir si le chemin est accessible en vélo. Ça marche bien pour l’instant. Petit appel avec les parents pour dire que tout va bien et au lit.
Jour 4 Kakunodate à Senboku (Camping) (42 km)
Je pensais aller vers un village à Onsen, les sources chaudes utilisées en bain (Nyuto Onsen), mais je repousserais sur un futur stop plus pratique, c’est trop de dénivelé pour le niveau actuel que j’ai.
Je vais donc uniquement viser le lac Tazawako et la ville de Senboku.
Ma technique pour charger le téléphone sans faire trop de stop resto ou auberge c’est le Konbini (toujours aussi utiles ces supérettes). Il faut juste un peu se cacher pour se brancher et espérer choper une prise dans les toilettes. De temps en temps, ils ont un vrai spot pour prendre sa pause qui offre aussi une prise, ça peut rendre service quand on est ric rac.
Kakunodate, une ancienne ville de samouraïs, offre un calme serein malgré une vie rythmée par ses festivals. Dans quelques jours, un événement se prépare (je vois les gens s’organiser et se hâter sur certaines structures festivalières), mais la ville est surtout réputée pour son célèbre festival des cerisiers en fleurs, qui transforme les rues en un tableau rose éclatant chaque printemps.
En explorant l’une des résidences seigneuriales, je découvre les subtilités de l’architecture, la hiérarchie des clans, et la vie quotidienne de l’époque. Plusieurs de ces maisons sont ouvertes aux visiteurs, et je vous conseille vivement d’en découvrir au moins une. Elles permettent de dépasser l’image des samouraïs véhiculée par la pop culture pour plonger dans une histoire riche et authentique, bien plus impressionnante en personne.
Je visite ensuite Kinpo Jinja, un sanctuaire vraiment mais vraiment tout paumé au nord de la ville. La mousse et la nature prennent partiellement le dessus. Le silence est de mise, si les satanés voitures garées ne faisaient pas de l’idling (laisser le moteur tourner sans se déplacer…). Bon, je profite quand même allègrement du lieu tellement c’est mystique et un plaisir solitaire. Les cèdres dominants sont larges et semblent être centenaires.
J’arrive ensuite doucement vers le lac pour déguster ma glace favorite du trip (gaufrette englobant une glace et une lamelle de chocolat, MMMMMMMH, industrielle mais excellente).
La journée va s’émerveiller par 2 rencontres :
- La première avec un British se nommant Eon sur le spot du lac avec le Tori et sa vue sur les reliefs environnants. Il me donne quelques conseils me dit que sa femme est japonaise et qu’il visitait sa famille. Mais là, il profite de visiter le Nord en solo pour son petit plaisir. Je prends une deuxième glace plus artisanale qu’il m’offre, c’est sympathique pour agrémenter la discussion et surtout attendre que la pluie passe.
- La deuxième est un duo improbable. Un autrichien en vélo qui venait de rencontrer un vieux japonais aussi en mode cycliste. Stefan, l’autrichien, me fait signe de m’arrêter pour discuter puis on pratique notre faible japonais avec le monsieur, Otaka. Stefan explique qu’il fait des trajets plutôt courts (20-60 km max) pour profiter et ne pas trop s’user pour son voyage. Il vise Hokkaido et partira donc ensuite dans la direction opposée à moi. Otaka, lui, veut parcourir 3 préfectures autour de Akita, d’où il vient. Le combo le plus impressionnant est qu’il fait pas plus d’1m65, tout fin et transporte un paquetage de plus de 50 kilos. Un vrai mulet ! On essaie de soulever sa bête et on y arrive presque pas. Les nôtres font 30-35kg en tout maxi.
Le temps de quelques photos que l’on prend nos 3 directions différentes.
Je me réserve une nuit en camping pour même pas 10 euros. La zone est sympa et je peux même faire une petite plongée dans le lac pour me détendre malgré le temps peu clément des derniers jours.
Jour 5 Senboku à Morioka (Iwate) (51 km)
Pas le temps de niaiser ce matin, je prends le chemin très compliqué vers Morioka (unique route possible) avec beaucoup de tunnels dont un de 2,5 km de long.
Je me fais un peu dessus à l’idée de traverser cela et je roule donc sur le pseudo trottoir du tunnel, mais en réalité je ressens plus de danger sur le trottoir hors de la route avec le risque de perdre l’équilibre du fait que ce soit étroit et abîmé. Bon, je sors au plus vite pour me prendre encore un déluge sur la tête, je cherche donc à faire une pause.
J’arrive difficilement sur Morioka. Je vois des collégiens faire leur après midi sport et j’entends aussi ceux qui font l’après-midi musique. Ça rappelle vraiment les mangas du type lycée/collège, c’est une ambiance auxquelles je peux m’identifier, c’est assez rigolo.
Je pars dans un des uniques hostel de la ville pour pas cher (le reste l’est, cher) et il ne paie vraiment pas la meilleure mine et les avis sur Booking non plus x) Je vais vite le constater. J’ai voulu nettoyer mes affaires dans le lavabo car pas de lave linge, et bien j’ai démonté le lavabo qui était fixé avec 2 pauvres vis dans le mur en bois. J’essaie tant bien que mal de réparer mais rien y fait c’est très peu qualitatif. Je laisserais 1000 yens demain et j’écrirais à la fille qui m’a accueillie pour les dégats… sans réponses. Je me balade en ville, qui n’a rien de très spécial, hormis le petit quartier “chaud” avec des enseignes et des rabatteurs peu farouches que presque toutes les villes possèdent.
Je vais pour la dernière recommandation obtenue de la part de Yuki au bar de Saké : Mine. C’était super, je discute avec le proprio Yamamoto-san, 51 ans (qui ne les fait absolument pas) et un jeune qui goûte des Saké et produit le sien (Sake Tea). Je mange des pâtes avec des tomates cerises et des alevins, c’est curieux. Mon idée de base sur Morioka était d’aller faire les Wanko Soba, sorte de challenge pour manger le plus de bol de Soba (nouilles au sarrasin) mais seul. Yamamoto me dit qu’il faut au moins être 2 pour se marrer. Ça tombe bien, Sake Tea ne l’a jamais fait et on va y aller pour demain midi. J’espère atteindre les 100 bols, synonymes de petit diplôme de confirmation. Yama – san nous dit qu’il en a mangé 240 à lui tout seul ! Sacré Monsieur en tout cas. Je goûte rapidement le Saké au goût de thé du nouveau collègue de voyage et je rentre passer une “super nuit” dans mon “super hostel”.
Jour 6 Morioka à Kitakami (40 km)
Ma matinée se caractérise par un stress inopiné. Je cherche à échanger de l’argent mais les banques n’offrent pas souvent ce service pour l’Euro dans les petites villes.
Au retour à l’hostel pour déguerpir, je me rends compte que j’ai perdu une vis du porte bagage avant sur mon chemin … Je ne peux donc pas partir pour l’instant (une sacoche ne peut pas être fixée), je refais tout mon chemin en espérant la retrouver mais c’est mort. Me vient ensuite la brillante idée de chercher un magasin de vélo, qui au final me réglera le souci en même pas 3 minutes pour 2 euros. Je leur dois une fière chandelle et ferait dorénavant attention à mon matériel !
Je me dépêche pour revoir mon acolyte de la veille et faire ces soba de l’enfer chez Azumaya, le resto connu pour ce défi. Les bols sont servis à la chaîne par 10 par personne et l’on mange autant qu’on veut à un prix fixe (environ 20-25 euros). La compétition est rude mais je l’emporte avec 115 bols contre 108 pour mon camarade nippon. C’est à faire une fois et au moins avec quelqu’un mais pas besoin de plus. On apprécie le moment et les autres condiments assis sur le sol en tailleur (on doit encore s’y faire, moi et ma souplesse légendaire). Tous deux, on reçoit nos certificats en bois pour la preuve de l’exploit et on se dit à une prochaine.
Je vois rapidement la gare de style période industrielle avec ses briques, puis j’aperçois un temple bouddhiste de la ville.
Avant de quitter Morioka, je souhaitais faire un tour dans ma première maison de thé Nanshoso. C’est vraiment sublime avec un beau et paisible jardin qui peut se faire en toute saison et profiter de différents aspects des éléments qui le composent. Je me délecte donc de mon Matcha (thé vert très épais voir laiteux et amer) et son wagashi (le parfait complément sucré) pour un équilibre gustatif aux petits oignons.
Je vais donc commencer mon départ tardivement après toutes ces péripéties du jour et essayer d’aller au plus loin malgré la nuit qui tombe.
Petite anecdote: depuis le premier jour, je n’ai pas de lumières car les expériences de montage et démontages du début ont rendu ma connexion dynamo / lumière non fonctionnelle.
J’arrive tout de même à me guider sur un spot camping sympa pour récupérer. Le lendemain va être sympa pour visiter différents complexes bouddhistes de la région.
Jour 7 Kitakami - Lac d’Hanayama (86 km)
Mon corps me fait ressentir qu’une pause devrait être planifiée. Pour autant, je pense encore continuer les prochains jours jusque l’étape Sendai qui n’est pas encore à porter de pédale.
Je me dirige directement vers Hiraizumi. Premier vrai gros complexe Bouddhiste du Japon depuis mon départ du Nord. Le Nord étant moins peuplé, l’expansion bouddhiste arrivée sur Nara (au Sud) ne s’est pas autant étendue par rapport au reste du pays (plus proche de la Chine et de la Corée).
Petit aparté pour clarifier la situation religieuse du pays
Le Japon est principalement lié à deux religions.
La plus ancienne, animiste et polythéiste étant la religion Shinto. Les dieux peuvent se manifester au travers de n’importe quelle entité, être vivant ou matière autour de soi.
La deuxième, plus conventionnelle, parvenue sur le pays du Soleil levant un peu plus tard (5-6ème siècle ap J-C) est le bouddhisme.
On peut donc rencontrer simultanément des sanctuaires shinto et des temples bouddhistes sur un voyage au Japon, c’est normal. Ce qui est le plus surprenant, c’est que les japonais sont rarement affiliés à une seule des deux (hormis les religieux, comme les moines bouddhistes ou les prêtres shinto par exemple). Les japonais célèbrent et respectent donc généralement les coutumes des deux courants de croyances et ne se questionnent pas plus sur la légitimité de l’un ou de l’autre. On applique les préceptes des deux et tout ira bien 🙂 C’est plutôt original à découvrir pour la première fois.
Les différents lieux bouddhistes dans et autour d’Hiraizumi sont très impressionnants.
- Chuson-Ji, un énorme complexe comportant plusieurs bâtiments révèle son Konjiki-dō (le pavillon d’or) avec un structure en or magnifique, symbolisant le tombeau des instaurateurs du bouddhisme dans la région. Une structure en bois à l’extérieur constituait sa protection initiale et a fait traversé ce trésor sans cassure à travers les siècles.
Il y a également un musée présentant de superbes reliques comme des Soutras bouddhistes peints en or sur un support bleu. Le contraste est saisissant (mais pas de photos autorisées 🙁 ).
Différents bâtiments du complexe de Chuson-Ji
- Motsu-ji caractérisé par ses jardins apaisants. Un peu moins intéressant que le précédent, il en vaut quand même la peine. Surtout un jour spécifique dans l’année où des poètes se retrouvent pour lire des écrits le long de la rivière du jardin. Le jardin (comme la majorité des jardins japonais) sont une sorte de décor miniaturisé de quelque chose de plus important, les petits cours d’eau étant des rivières ou bien les petites roches pouvant être des rochers ou des falaises.
- Takkoku no Iwaya avec son Bishamondo pour clôturer ce triptyque. un des deux bâtiments principal rouge vermillon construit et creuser dans la roche se présente devant moi. Une vraie beauté. Un plus petit jardin se révèle également et la visite indique qu’à cette époque où le bouddhisme se répand sur le Nord les règles ancestrales des jardins japonais étaient déjà établies.
Avec toutes ces visites, je me remplis le ventre avec mes premiers Soba non gloutons (cf Jour 6 Morioka) en espérant en savourer d’autres dans le futur. Cette recette est le Kuretsubo Soba avec un navet bizarre cultivé dans la région. Il est rapé finement comme du wasabi et devrait se mélanger dans la sauce Soja en temps que condiment. Bien entendu, je ne m’en suis rendu compte qu’à la fin lorsque j’avais fini et ai pris le temps de regarder les autres clients. Oups, pas grave c’était quand même délicieux.
Je rencontre un jeune voyageur (dans la vingtaine) en vélo qui va dans la direction opposée de moi. On échange rapidement une photo que l’on veut déja continuer notre route, moi je vise le Sud, lui veut avaler les distances (+ de 100 km par jour) pour atteindre la pointe Nord du pays en traversant l’île de Hokkaido. Sacré phénomène celui-là !
Komoot, mon super ami, me fait bien sûr passer par des chemins affreux dans la pampa du coin, je dois même pousser la machine tellement c’est dur, ce qui me fait perdre du temps. C’est donc comme ça que j’arrive en pleine nuit à mon camping du soir, trouvé sur un site répertoriant les bons plans sur tout le pays (N’hésitez pas à m’écrire pour de plus amples informations en privé).
Pour autant, ma soirée va être plus (agréablement) mouvementée que prévue. Je croise une fille pour lui demander si je peux poser ma tente au camping malgré la présumée fermeture du lieu. Je la pensais faire partie du staff mais au final tout est vide et elle est un peu saoule, c’est sûrement une des uniques clientes du camping.
Je pars donc poser mon vélo et ma tente où je vois plusieurs tentes installlées en groupe. Une fille du groupe vient me voir pour me proposer de rester avec eux. Je dis oui bien entendu. Ils sont vraiment sympas (et pompettes haha) avec moi. Je goûte leur langue de bœuf grillée (ils viennent de Sendai, c’est la spécialité là bas, je goûterais encore quand j’y passerais). Je vois même du Kiri japonais, je suis mort de rire.
C’est un quintet : Hitomi, Maegu, Naomi, Shin et JB (je sais pas son vrai nom), 2 couples mariés et une fleuriste célibataire, tous autour des 40 ans. Je savais que les japonais aimaient le camping avec du vrai gros matériel et là j’en ai la preuve, c’est pas roots du tout, leur matos est impeccable et grand. J’adore.
Je bois donc quelques coups avec tous les sujets possibles qui fusent, on prend du bon temps, ça me fait relativiser et déstresser pour les prochains jours, je profite. Ils m’offrent aussi une libellule qu’ils ont en guise de pins dans leur groupe d’ami, ça me touche beaucoup, j’en prendrais donc grand soin. J’entraine encore une fois mon japonais puis la fatigue l’emporte, mon matelas m’attend pour me reposer de cette journée encore une fois très rythmée.
RDV dans la prochaine partie pour de plus amples aventures au Nord du Japon.