Après avoir décortiqué Osaka, je partirais rejoindre l’impériale Kyoto. Un héritage culturel lourd de l’archipel nippon. Une visite qui attise ma curiosité autant par les découvertes en elle même mais aussi l’ambiance qui s’y dégage pour la comparer à Osaka. Je pense que j’apprécierais un peu moins mais j’attends de la voir de mes propres yeux pour confirmer cela 😉
Je pars vers le temple des enfers, le Senkoji dans un petit quartier tout mignon avec de belles petites adresses à la bonne franquette avec un beau petit marché. Je me prends juste quelques snacks frits pour le petit-déj chez une mamie.
Le temple est plus comme un parc à thème pour voir différentes représentations de l’enfer et du paradis. Bien sûr, je ne suis pas les instructions proprement et fait tout à l’envers… je démarre du paradis pour finir aux enfers LOL.
Pour un ptit 100 yens, une madame me donne le papier d’explication et mon entrée au royaume d’Enma (les enfers), les statues à l’intérieur sont vraiment lugubres 😀 On m’explique que notre entrée en enfer dépend des points gagnés / perdus dans notre vie sur Terre.
La zone du paradis permettant de méditer / prier dans une belle quiétude. Les autres statues sont sympas aussi.
Je vais ensuite ponctuer mon passage sur Osaka pour l’admirer depuis les hauteurs du plus haut gratte-ciel de tout l’archipel : Abeno Harukas. A 300m de hauteur le 360 sur la région pour à peine 11 euros, tout bénef !
Je recommanderais d’aller visiter l’endroit 30min-1h avant le coucher du soleil pour profiter une belle heure ou deux la journée, le coucher et la vue nocturne de la ville, ça doit être merveilleux. C’est assez marrant de voir tout ce que j’ai pu visiter au cours des derniers jours depuis les hauteurs.
A la redescente, je pars voir le parc et les jardins juste à côté. En quittant la ville, je me dis que si il y a une ville au Japon où je me verrais vivre, ce serait Osaka. Les gens, l’ambiance, la tranquillité rapidement rencontrée etc.. Ce serait un beau combo.
Ce n’est pas tout, mais mon train me ramène sur Kyoto et, sur le trajet, je fais une rencontre improbable.
Abdullah, jeune night-lifeur saoudien me tchatche et me vante la visite de l’Arabie Saoudite. Le côté cocasse, c’est son explication sur son style de vie pour profiter qui est aux antipodes des mœurs de son pays, il en profite donc quand il va à l’étranger haha.
Je vais enfin retrouver mon vélo (sain et sauf) et check-in directement à l’hostel. Je me dépêche car je vais enfin retrouver mon VINCENT pour ces 2 dernières journées ! YES !
On se croise au parking à vélo du Fushimi Inari Jinja et on va voir sa farandole de Torii. C’est vraiment bondé, on fait la file pour se déplacer, comme une queue pour voir un film à sa sortie limite. Ça reste tout de même super impressionnant, les portails se succédant à chaque pas. Lorsque l’on atteint les hauteurs, les chemins se désengorgent, les vieilles personnes n’ayant pas la motivation pour ce genre d’effort, c’est un mal pour un bien pour nous 😀 On se balade au travers des lanternes en pierre et des torii pour très rapidement arriver à admirer le coucher du soleil sur la ville. Un moment où le temps s’arrête, Vincent et moi, on se regarde bouche bée et on admire. Le silence est de mise malgré un grand nombre de visiteurs. Le retour dans le noir avec les lanternes allumées rajoute à nouveau une touche mystique au lieu.
On rentre chacun chez soi et moi, je pars encore au resto, dans un Yakiniku (resto de grillades) pour goûter un petit Wagyu et un plat coréen (Bibimbap). J’aurais vraiment presque tout essayé de ce qu’il y a de japonais hormis les sushi et multiples fruits de mer.
Pour manger le Wagyu, je suis un peu perdu au début mais je regarde autour et m’inspire. On nous donne une sorte de gras à étaler sur la grille pour faire que notre morceau de viande ne colle pas. Avec les sauces qui accompagnent, mon dieu que c’est délicieux. A la fin je suis vraiment repus, presque trop, ça fait mal au bidon. Les serveurs sont aussi adorables et encore une fois, pour ce genre de prestation c’est seulement 2800 yens le tout c’est à dire 18 euros.
Je me réserve encore la nuit pour faire des posts instagram et faire de la place sur mon téléphone car la mémoire commence à saturer quand je bombarde de photos. Je m’occuperais des cartes postales à écrire et envoyer à la famille dans les prochains jours.
Go dodo.
Jour 42 Kyoto Pause 5
On se retrouve encore une fois avec le Vinc.
On part sur un petit café vegan qu’il a déniché avec vue sur le cours d’eau qui traverse la cité impériale. Je prends une sorte de tartine au beurre de cacahuète et banane c’est très très bon et énergisant.
On se dirige ensuite vers un autre lieu phare de la ville, le Kiyomizu-Dera (signifiant “l’eau pure”, qui représente la chute qui passe dans le complexe). Sur le chemin, on croise beaucoup de touristes étrangers en kimono mais peu de japonais, on sent la tendance plus touristique qui se dégage de ce genre de lieu. On aperçoit vite la fameuse pagode haute en couleur qui est magnifique. Le reste du temple est tout aussi massif. Je trouve que dans les lieux bondés, le côté mystique et spirituel, que j’ai pu expérimenter à maintes reprises, perd légèrement de son importance.
Avec Vincent on prend bien notre temps pour profiter de nos derniers moments ensemble. On parle de nos expériences de couples, de la vie en générale avec des sujets plus personnels et intenses. On sent que ces quelques semaines passées ensemble ont forgé quelque chose de plus que de simples partenaires de voyage. On se dit Tschüss avec une larmichette à l’œil et je le laisse rejoindre Nara. Je continuerais de visiter Kyoto demain et ensuite partir vers le Nord. En tout cas, je peux te dire que tu as été un vrai chic type avec ton énergie positive et ton humour farfelu. Aller, ciao l’artiste <3 !
Je me fais ensuite toute l’aile Est de la ville, un vrai “fast food” de temples à la suite, en vélo : Yasaka-Jinja, Heian Jingu, Nanzen-Ji, le chemin des philosophes puis le Ginkaku-Ji. La farandole est de mise.
Le Ginkaku-Ji (pavillon d’argent) avec sa mousse d’été (presque automne) donne l’aspect très verdoyant au lieu. Les jeux visuels faits sur le sable pour réaliser des sortes de vaguelettes sur de l’eau “statique” donne une sorte de vie à quelque chose d’immobile, le principe est assez sympa. Et c’est ce sable gris qui fait que l’on appelle ce temple celui d’argent. Je fais la visite juste avant la fermeture donc je me grouille.
Au retour, je traverse le centre de la ville qui encore une fois me montre à quel point cette ville est visitée, blindée de monde partout tiens.
Je vais donc aller à l’écart me trouver un restaurant chinois, très bon. Quelques gyozas et un ramen et je suis comblé.
Je veux aussi tenter les sento, ce sont les bains publics (moins regardants sur les tatouages et autres que les onsens) mais bon mise à part l’ambiance très locale, je ne me sens pas trop le bienvenu. Je prends même le savon d’un monsieur par erreur en pensant que c’est partagé (comme pour d’autres endroits), mais il semblerait que non, le monsieur me l’arrache des mains et gromelle au lieu de me parler poliment. Je suis un peu confus et n’en souhaite pas plus de cette journée marquée par la nostalgie des dernières semaines avec le poto Aussie.
Une belle nuit m’attend.
Message de remerciement à mon Aussie Vincent
Lors de mon coucher et des nuits suivantes, je me remémore ces moments si récents et pourtant semblant déjà si lointains.
QUI l’eut crû qu’une rencontre inopinée dans la brousse de Fukushima donnerait lieu à une épopée de deux guerriers à vélo, de chevaucheurs de destriers mécaniques.
Quel pied on a pris. Je ne vais pas vous le cacher ni à vous ni Vincent, de temps en temps, j’ai pu me demander mais pourquoi on est ici tous les deux, est ce qu’on fait bien de ce suivre, est que l’un n’influence pas l’autre dans ses décisions etc…
Mais l’essentiel n’était pas là, nous avons été une bouffée d’air frais dans une aventure solitaire pour l’un et l’autre. De beaux échanges, de belles expressions de ras le bol et de motivation et de la bonne humeur. Un condensé d’émotions qui nous auront fait vibrer et amener jusqu’ici, sain et sauf avec une belle amitié.
Je nous souhaite simplement de garder contact, de chérir le moment de notre rencontre et en espérant nous revoir dans un futur plus ou moins proche malgré les milliers de kilomètres qui nous sépare. A la revoyure, tu es un grand bonhomme Vincent <3
Jour 43 Kyoto Pause 6
Je pars aujourd’hui vers le Nord-Ouest de la ville sans savoir exactement ce que j’y ferai.
Je m’arrête visiter le Nijo-Jo, le château construit par Tokugawa Ieyasu après son sacre de shogun. Le portail est majestueux (un chouia moins que celui de son sanctuaire à Nikko, cf Jour 20) et le palais regorge de superbes peintures murales mais encore une fois les photos sont proscrites… dommage. Les tigres sont là pour impressionner les invités et marquer le statut du clan Tokugawa. Les pièces représentent différentes saisons donc on peut voir des pins, des pruniers ou des Sakuras (cerisiers japonais) en fleurs. La visite et les anecdotes en valent vraiment le détour. Les jardins sont aussi très sympas reflétant l’art ancestral japonais. On ressent que chaque matériau présent sur ce site a une importance et ce vert émeraude au fond du plan d’eau mamama, ça donne un aspect très végétal à l’eau. L’animisme shinto représente bien l’endroit où chaque élément pourrait être habité par un de leurs dieux.
A la sortie, je traverse rapidement le parc du Palais impérial mais j’ai d’autres ambitions pour le reste de l’après- midi. Je vais voir le Kitano Tenman Gu Jinja, un sanctuaire pour les étudiants qui viennent prier pour leur réussite aux examens. C’est déjà plus sympa et moins peuplé que d’autres lieux de visite.
Mon repas du midi se fera dans un ancien Onsen rénové (Sarasa Nishijin) par une sorte de franchise avec différents concepts pour chacun de leur restos. Mon plat est un Turkish rice à 1300 yens, et quel plaisir, l’omelette, le riz, la viande et même ma boisson à la patate douce sont super bons.
Je finis par arriver au Kinkaku-Ji, cette fois le pavillon doré ! Une ancienne villa devenue un temple à la mort du propriétaire comme le Ginkaku-Ji d’hier. C’est de toute beauté avec le soleil couchant, la lumière jaillit dessus et se reflète parfaitement à nos yeux. Je suis content d’avoir choisi cet horaire et pas plus tôt dans l’après-midi où l’éclairage aurait été moins impressionnant. Le phénix doré sur la pointe lui donne encore plus de majestuosité. C’est dommage on ne peut visiter l’intérieur qui semble posséder une chambre entièrement en or, ça doit en jeter. Le monde autour fait qu’on marche en fil indienne comme au Fushimi Inari Jinja.
Je croise ensuite un groupe d’écoliers qui veulent pratiquer leur anglais, pour eux c’est assez simple, ils visent des gens non typés asiatiques et leur posent des questions, pas mal la stratégie. Je leur explique mon trip et en guise de cadeau, je reçois un set de grues en origami de différentes couleurs en guise de récompense, je suis trop touché et ému rooooh.
Je rentre donc à l’auberge l’esprit léger pour m’ajouter une nuit. Je dois changer de chambre et finis avec un groupe de fêtards qui me proposent de les rejoindre. J’aurais été chaud mais bon, je veux partir tôt demain et appeler mes parents, je skip donc.
Au téléphone avec maman, je visite en même temps le sanctuaire au torii doré au milieu de nul part au coeur de la ville, trop cool, je peux lui décrire ce que je vois à l’autre bout du monde.
Et aujourd’hui, je profite pour me faire la cuisine, ça n’arrive pas souvent avec les konbinis pour se ravitailler en bouffe rapide ou bien les restos à prix défiants toute concurrence sur ma route. J’ai du tartiner un bon 45 km dans toute cette ville aujourd’hui. Je n’ai pas tant fait une pause aujourd’hui, il est temps de me coucher.
Jour 44 Kyoto à Fukuchiyama (87 km)
Je pars vite vite à 9h envoyer des cartes postales et participer à une prière dans le gros temple (Higashi Hongan-Ji) à côté de mon auberge, c’est archi impressionnant.
Le lieu est massif et la spiritualité des sutra nous rend tout petit. Le début un peu “musical” avec les moines qui enchaînent les textes est vraiment sympa. Ensuite, j’ai l’impression de devenir fou, je pense qu’ils répétaient la même chose pendant plus de 20-30 minutes (Amida Buddha), on rentre en transe ou on pète un cable je pense, il n’y a pas d’autres options haha. Les positions tailleur ou sur les genoux me font mal mais je tiens bon. Qu’importe, l’expérience valait 100% le coup, je suis bouddhiste maintenant 😀
Le reste du complexe est sympa aussi où l’on voit certaines péripéties du lieu et de sa reconstruction.
Je me dirige ensuite avec toutes mes affaires pour quitter Kyoto. Mais avant ça, encore un dernier stop vers la forêt des bambous. Et bien sûr le maître mot de ce séjour sur Kyoto sera le tourisme de masse 😛
La forêt est une vraie fourmilière, on ne peut se déplacer correctement pour les admirer. Je pense qu’il vaut mieux arriver très très tôt dans la matinée ou bien trouver d’autres endroits un peu originaux et intimistes par des petits tips de locaux.
Mon avis sur Kyoto est mitigé, c’est très très beau, mais il vaut mieux la visiter quand la masse est moins présente, peut être 1-2 mois avant mon passage en octobre qui redevient populaire.
Je pars à présent voir le reste de la préfecture de Kyoto et m’engage pour la dernière partie du trip en me dirigeant vers l’Ouest de Honshu.
Mes jambes sont plus ou moins ok mais je ressens qu’une pause de près d’une semaine aura rendu mon mental mou et paresseux, j’en ch*e un peu.
Mon après-midi consistera à aller le plus loin possible malgré ma faible motivation. J’arrive camper à côté d’une route sur piste ou un déluge s’apprête à commencer, ma nuit va être longue et sans bon repos sur Fukuchiyama …
Jour 45 Fukuchiyama à Toyooka (Hyogo) (86 km)
Je pars assez tôt ce matin pour avancer au mieux. Dommage que la pluie devienne démentielle juste avant le lieu que je m’apprête à visiter, je m’arrête donc m’abriter une première fois. Puis, pour la deuxième salve, je décide d’aller dans un petit restaurant de poisson, proche des côtes. Le poisson local me fait du charme.
J’arrive tranquillement sur la côte d’Amanohashidate, deuxième vue du top 3 du Japon après Matsushima vers Sendai (cf Jour 14). Le petit télésiège rajoute un côté marrant / mignon à l’expérience même si on pourrait faire une mini rando pour atteindre le sommet, mais là j’ai vraiment la flemme. Je me contente de ma vue et d’une douceur sucrée.
Pour voir un dragon, on devrait se cambrer la tête entre les jambes, ce que je fais mais bon, je n’ai pas l’imagination japonaise sans doute 😀
Le reste de l’après-midi me prouvera que je suis toujours faible physiquement et mentalement, les montées font mal mais il faut continuer.
Je préfère me donner du confort en arrivant sur Toyooka, la seule zone que je visiterais de la préfecture de Hyogo (il y a bien entendu Kobe mais ce sera pour une prochaine fois).
Je prends un petit train pour Kinosaki Onsen, petit village thermal à la côte Nord. Je pars spécifiquement aux Gosho No Yu, les thermes stylées du coin. Je me relaxe pendant plus d’une belle heure. C’est trop bien ici, je recommande.
Je voulais tenter un restaurant de fruits de mer en sortant mais rien n’était ouvert à part un resto blindé. Je ne mangerais que des choses du Konbini, dommage. Le reste du village est super mignon avec les petites lanternes sur le canal. Ce genre de villages ont l’air parfait pour une sortie en couple : dormir dans un Ryokan, se balader en Yukata / Kimono dans le village, se relaxer et profiter avec le temps qui passe. Une vraie petite idylle pour les amoureux.
Par contre, à force de rêvasser, je dois me dépêcher pour le retour à 22h et ne pas rater le dernier train sinon ce serait assez cocasse. Les gérants de l’hostel et le couple british présents sont vraiment sympas, on tape une courte discute très conviviale. Je vais rapidement me coucher car une grosse journée m’attend demain pour démarrer la côte Nord de la région du Chugoku et ainsi longer la mer du Japon.
C’est ainsi que se termine cette épopée du Kansai, depuis Osaka et Kyoto, j’ai pu en apprendre plus sur ces régions réputées et découvrir leur spécificité.
Osaka l’électrique et chaotique partenaire de Kyoto, son histoire, son héritage et sa majestuosité.
Il est temps pour moi d’appréhender la dernière ligne droite pour Hiroshima. Je me dirige droit vers des régions bien moins explorées dont j’ai hâte de faire l’expérience.
En voici l’histoire au prochain article.