Semaine 4 Grimpettes au Coeur du Monténégro

by lebaroudeurdelest.com

Départ tardif à midi, Rémi lui est parti très tôt pour visiter une autre contrée avant de se retrouver plus au Nord du pays. Le vieux monsieur m’offre une énorme grappe de raisin pour la route, je suis absolument refait en vitamines. Merci Frenchyyy (le mot qu’il sortait une phrase sur 3 avec nous). 

Le lac est très beau et paisible en soi mais le trafic est terrible avec beaucoup de chauffards. Les conducteurs me dépassent encore plus près qu’en Croatie, on me frôle parfois c’est assez désagréable et dangereux. Le Nord du lac aurait peut-être offert une plus belle vue. Ma top frayeur du jour : un chauffard venant à 100km/h pour dépasser le bouchon sur l’autre voie qui me vient droit dessus sans freiner et à peine se décaler, j’ai eu chaud aux fesses. Depuis le lac, on peut voir l’Albanie au loin et sur toute la longueur, un beau petit bijou.

Le calme et reposant lac Skadar, frontière naturelle avec l'Albanie

J’arrive ensuite sur Podgorica où je récupère du scotch pour voir si je peux sauver les meubles avec mes sacoches. C’est rudimentaire comme réparation mais on va faire avec. La ville n’a rien de spécial, c’est une capitale jeune qui ne semble pas avoir de grande histoire. Juste un parc relaxant et une énorme église orthodoxe toute neuve sur un terrain vague (financée par les Serbes et la Russie, vive les influences extérieures au Monténégro :D). Je recommanderais tout de même le resto Pod Volat pour ses petits prix.

L'église orthodoxe de Podgorica ...
Et son intérieur

Je me dirige ensuite rapidement vers Ostrog. Sur le chemin, je croise un berger rigolo qui me tchatche en monténégrin même si je n’y comprends rien ehehe. En roulant un peu de nuit, je me trouve encore un spot à l’écart. Les 2 prochains jours vont être bien corsés pour arriver sur le parc du Durmitor (mon deuxième gros objectif du trip après Kotor), moins de distance mais beaucoup plus d’ascension.

Jour 23 Ostrog à entre Nikšić et le Durmitor (60 km)

Départ à 10h50 : Je mets le scotch sur les sacoches en priant pour que cela tienne. Je me fais aussi une nouvelle amie, miss Mante religieuse.

J’arrive sur Ostrog vers 13h et quelle galère, la montée pique avec ses lacets infernaux. Au moins 10 à la suite pour 250m de D+ sur moins de 2km. En atteignant ce fameux monastère par la sueur de mon front (mais surtout de mes jambes), j’espère que Dieu me revaudra ça 😛 Les fresques du lieu saint sont somptueuses, même sur les murs en pierre, le monument troglodytes en valait la peine. Par contre, les orthodoxes font vraiment des bisous partout 😀 , même sur la stèle avec une icône au sol dis donc.

Ma copine matinale la mante religieuse
Sur les hauteurs d'Ostrog après la grimpette qui pique
Le sourire cache la peine physique auprès de cette prouesse architecturale troglodyte
Mosaïques sur la roche

Je m’en vais maintenant pour Nikšić où je me prends des tortillas et un cocktail bien rafraîchissant au Piazza. Une ville somme toute tranquille. Je grimpe le pic du jour et arrive à 1500m d’altitude, ce qui pourrait être mon maximum à vélo sur le trip. Cette hauteur m’offre de belles vues sur la campagne monténégrine, leurs maisons paysannes, les mini tracteurs et les pâturages entourés de forêt verdoyante si on peut dire. On peut bien se sentir libre et seul dans cette contrée dépeuplée. Une recherche de spot camping en bord de route plus loin et on va se reposer avant la dernière journée pour atteindre LE fameux Durmitor.

Des volontés de retour à la Serbie-Monténégro ?
Pic d'altitude à vélo de mon trip (1500m)
Tranquilité au sommet (on fera abstraction des éoliennes)

Jour 24 Direction Durmitor à Durmitor (59 km)

Départ 10h pour El Famoso Durmitor, j’ai sincèrement hâte. 5h de pédalage déterminées pour atteindre l’objectif. La météo peut annoncer du mauvais temps mais je veux croire en mon étoile. Je croise 2 français et 1 tchèque en voyage en moto. Ils ont changé leur plan pour traverser la route de la soie, encore une fois à cause du Covid. Décidément, tout le monde doit repenser ses trajets de voyageurs avec cette saloperie. Par la suite, je vois un panneau criblé de balles, c’est de bonne augure, on s’amuse dans les bleds paumés du coin. Je vois des huttes/tipees de foin ce qui est assez original, paysannerie à l’ancienne. Mes cuisses commencent à grimacer, je suis impatient de les reposer, mais il reste une dernière ligne droite que je parviens à finaliser.

La campagne monténégrine
Tas de foin des paysans du coin
Le monastère / Manastir (que l'on peut lire en cyrillique)
Les riders à vieilles moto

Arrivé sur Žablja, on célèbre nos dernières retrouvailles avec Rémi dans notre chambre d’hôte à 10€ la nuit pour 2 avec un bébé Labrador comme hôte en prime, quelle chance ! On se rend rapidement au Crno Jezero (lac noir) avant la tombée de la nuit avec pleins de choses fermées (Dimanche + jour des élections présidentielles, mauvais combo). Puis, dodo rapido.

Jour 25 Durmitor "Pause" 1​

On part à deux dans une belle expédition à pied de 12km à 1300m de D+. Le repos ne sera pas pour aujourd’hui. Mais d’abord, allons nous délecter d’un super petit-déj dans une Pekara (le nom de la boulangerie mais qui veut aussi juste dire boulangerie dans les balkans) du coin : un bon Burek à la viande et un au fromage, un Kroasan (LOL le Croissant écrit à la slave) et une sorte de petit pain fourré à la confiture de cerise bien consistant pour donner des forces.

Le temps est parfait (contrairement aux prévisions), Bobotov Kuk (2523m, sommet des Alpes dinariques) nous voici. 5h de rando sous le cagnard avec juste assez d’eau pour arriver au bout. La succession de paysages sublimes est parfaite, on ne se lasse pas de ces vues rocailleuses des montagnes karstiques typiques des Balkans. 

On rencontre aussi le phénomène du coin, un vieux monsieur avec une seule chico qui vend de la bière en guise de rafraichissement dans sa hutte au milieu de nulle part. On ne comprend toujours pas leur langue, c’est dommage. Les jambes souffrent un peu mais les histoires folles de prof en Guyane de Rémi, les blagues et bêtises du jour me gardent en haleine et me font oublier ma peine. 

Le sommet est démentiel, je pourrais contempler cette vue des heures durant si la tombée de la nuit ne nous menacait pas … On peut y entrevoir la Bosnie et la Serbie (au bout de l’horizon). Ça donne des frissons. On écrit vite nos noms au sommet avant la descente où l’on rencontre des chamois au loin (merci Rémi pour le bel objectif avec des photos quali de loin, le mien est catastrophique …). Le petit gambade partout avec sa maman et fait des pirouettes digne d’un acrobate en pleine nature, un moment unique et inoubliable. On arrive en bas quand il fait sombre, sur une route sans vrai transport en commun pour nous ramener. Mais la bravoure et l’expérience en stop de Rémi nous sauve quand on demande à un couple, Olga et Georges de nous ramener vers Žabljak. Quelle chance de les trouver ! Ils nous donnent également des conseils :

  • De visite pour faire du ski dans la région en hiver.
  • Culinaires pour les restos de la ville offrant la spécialité des régions montagneuses du Monténégro, le Kačamak au Podgora. La recommandation était excellente, on est heureux et repus comme des gorets. 

Go dodo après cette journée riche en émotion. 

(Je ne peux me résoudre à sélectionner plus drastiquement les photos, ce sera donc un gros carroussel à visionner ci-dessous)

Boîtes à mots au sommet
Message de bon franchouillards en vadrouilles balkanes
Je ne me lasse pas de ces panoramas
Le massif MASSIF

Jour 26 Durmitor Pause 2​​

Debout 09h30 : Encore un ptit tour à la Pekara de prévu, on profite autant qu’on peut des délices des Balkans haha. On s’est ajouté des Baklavas et un gâteau aux pommes cette fois-ci. Petite lessive pour rafraîchir les habits biens usés et départ en bus vers le fameux canyon du coin sur la Tara et le pont Đurđevića. Je fais la visite avec les Rémi au carré. Et oui, on a rencontré un autre français qui se nomme Rémi dans le bus 😛 Il vient de Lille et était en Grèce avec ses parents puis il s’est dit go par l’Albanie, le Monténégro et la Bosnie en solo pour rentrer à la maison. Avec un ami, il s’est aussi déjà coltiné 3500 km à vélo de France jusqu’en Suède et Norvège en 1 mois et demi, ça c’est de la performance dis donc (mais presque que du plat contrairement à moi, j’ai une excuse pour faire moins de distance par jour). En école d’ingé, il se questionne beaucoup sur son avenir également.

Ses autres péripéties sont toutes aussi haletantes, le projet humanitaire en Asie tombé à l’eau pour Covid, il a réalisé 3 ans au Cameroun, mais surtout fait d’autres voyages (aussi à vélo) avec des potes. Il a même réussi à se retrouver en couchsurfing chez des gens louches qui avaient du passage durant leur (courte mais animée) nuit à Göteborg, les voyages ça laisse place à des situations improbables, clairement. 

En tout cas, c’est une très belle aprèm à ne rien faire, juste manger et papoter sans se prendre la tête sur quoi planifier, ce qui me permet de reposer l’esprit qui en avait grandement besoin.

Sortie du Jour avec les Rémi au carré

Au retour sur Žabljak (Jabliak à la française), on se prend une bière chacun au Lac Noir avant que Rémi 2 aille camper et tenter le Bobotov Kuk demain. Nous, avec Rémi 1, on part sur notre dernier repas ensemble (il part en Albanie et moi en Serbie, la chance de se recroiser sur nos périples respectifs semble compromise). Les petits Ćevapi et une belle tarte au yaourt nous réconfortent, le serveur est très tchatcheur à l’aide de son traducteur, c’est assez marrant, il nous prend pour un couple gay, on est mort de rire. Le resto Krcma Nostalgija semble être en adéquation avec la situation du soir, surtout avec le bonus de Rakija (eau de vie / schnaps des Balkans) offert par la maison. 

C’est ainsi que nous nous dirigeons tous les deux vers notre dernière nuit en chambre partagée. 

Jour 27 Durmitor à Frontière serbe (70 km)

Départ 10h30 histoire que Rémi aille choper son bus à l’heure.

C’est un bel au revoir (très rude mais pour le meilleur de nos trips respectifs). Rémi, t’es vraiment un super type, ces jours entrecoupés de solitude étaient géniaux et parfaits pour notre style de voyage. J’ai appris beaucoup de choses avec de beaux souvenirs à garder et de très beaux moments de partage. On repart chacun dans nos vies de voyageurs solitaires et s’immerger à nouveau dans le 100% communication en anglais. 

En revenant à notre chambre, je finis de planifier ma route. Plutôt Serbie ou Biogradska Gora ? Je me lance pour la Serbie directement qui est à une journée de vélo de distance. Au final, le départ est décalé pour 12h30, pour cause de traquenards des hôtes monténégrins de la chambre. Le père et le grand-père m’offrent des shots de Rakija fait maison. Je finis avec 3 verres dans le nez pour presque terminer le signe de croix, oui on communique par les signes et les photos. Tout ça combiné avec du pain frit et du jambon de cerf (le combo est excellent mais c’est très lourd et fort en goût le gibier). Pour la petite anecdote, la communication pour comprendre que le cerf/chevreuil a été chassé par le père était hilarante. Lui, me montrant des photos de la bête sur son téléphone puis se pointant du doigt et mimant le coup de fusil final, c’était mémorable. Je conserve des restes pour le lendemain car la grand-mère me gâte (presque trop). Tout le monde est très gentil, toute la famille est là et même les voisins viennent. Les dimanche pour l’apéro ça doit donner ici. Leur petit Labrador était vraiment tout fou et trop chou. Ici on trinque tous ensemble en disant ŽIVELI (jiveli à la française) ! 

Le temps de leur dire au revoir et enfin lancer mon départ… L’alcool tape mais j’arrive à enchaîner (en zigzaguant/ titubant) vers la Serbie. Au final, je repasse par le même pont qu’hier puis j’arrive sur Pljevlja. Je me prends un super bon café turc (n’étant pas un buveur de café régulier, cela va m’augmenter drastiquement mes battements par minutes par après). Je vois également les premières mosquées de ma vie. Il semblerait que les extrémités Nord et Est du Monténégro soient très musulmanes avec les frontières bosnienne et albanaise. Je passe devant une méga centrale à charbon et une carrière de pierre. Le côté un peu moins sexy d’un pays qui doit trouver sa place économiquement, j’aurais pû rêver mieux comme au revoir mais je prends 🙂 J’arrive à la frontière tardivement et la passe sans aucun soucis, toujours avec juste une carte d’identité. Je ne veux plus aller très loin car la nuit est tombée, je fais donc 1-2 km (affaire à suivre pour le lendemain pour cette erreur) et me trouve un spot sympa un peu caché pour installer la tente.

Le mignon petit pote du logement
Première mosquée de ma vie á la frontière avec la Serbie
La mine de charbon qui charbonne
Astérix et Obélix au fond du Monténégro
La mine éventrée

Jour 28 Frontière serbe à Uvac (RS) (60 km)

Départ 11h20 : Frayeur avant le départ, je prends du temps pour démonter la tente et veut prendre une photo sympa en solo (style Peter Sagan tour de France 2020 en maillot vert), problème, la douane passe en 4×4… Je passe une bonne demi heure à attendre qu’ils appellent la frontière pour savoir quand je suis passé, c’était hier et ils se demandent donc où j’ai pu dormir et si je transporte quelque chose de suspect. Bon, finalement on me laisse tranquille mais j’ai bien eu les chocottes. Leçon à retenir, ne pas mentir mais surtout ne pas dormir près de certaines frontières encore un peu douteuses. 

Je pars aussi vite que je peux pour quitter cette frontière et entrer dans ce pays qui m’intrigue et me questionne beaucoup sur le fait d’être en sécurité ou non. Je roule bien et arrive sur Nova Varoš. Je rencontre un petit chaton tout mignon que je nommerais Patrick et lui donne des petits morceaux de jambon. Heureusement un vieux Monsieur vient le récupérer sinon il ne m’aurait pas lâché et je me serais senti triste de le laisser. Ensuite, je récupère un petit capuccino avec un Cheesecake pour 260 dinars (autour des 2), je suis entièrement refait.

La campagne serbe tout simplement
La mignonnerie incarnée (content de lui avoir filé un morceau de jambon)

J’arrive enfin sur cette rivière artificielle qu’est l’Uvac et galère pour trouver un spot camping adéquat. Tout est légèrement escarpé et je ne veux pas jouer avec le feu avec tous les avertissements reçus auparavant sur la Serbie, donc je souhaite rester bien caché. À la nuit tombée et après un bon dîner, un duo improbable se ramène, une maman et un bébé chien. Ils m’ont l’air perdus et peut être abandonné et bien entendu, me font l’aumône. La maman a les côtes apparentes donc je me doute qu’ils ne mangent ni beaucoup, ni régulièrement. J’hésite beaucoup à leur donner à manger (je n’ai plus grand chose dans un endroit reculé du pays et je m’inquiète de leur comportement futur si je leur donne), mais tant pis je décide de faire la charité. Je craque et les nomme Emilie et Hector. Ils vont dormir à côté de ma tente. J’essaie de leur faire un abri avec l’aide d’un arbre et un poncho car il se met à pleuvoir. Après le thon du soir, que pourrais-je leur donner demain matin… Réponse la semaine suivante.

Le barrage et le méandre artificiel d'Uvac en fond
Mes petits amis tout mignons pour la nuit

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