Je me lève tôt mais ne pars qu’à 10h. Après un effort express jusqu’en milieu d’après-midi et un bon Coca désaltérant, j’arrive par le Sud sur Belgrade (Београд). Je visite rapidement les stades de l’Etoile rouge (Црвена Звезда, rouge et blanc) et du Partizan (Партизан, blanc et noir). Léo n’est pas très fan de foot, autant faire ça en premier. Depuis l’Étoile rouge, on a une superbe vue sur la cathédrale Saint Sava mais aussi de bons vieux chars d’une époque révolue (Guerre de Yougoslavie ou Mondiale je ne sais pas). Au Partizan c’est plus sobre et rustre mais les couleurs sont un match parfait avec mon vélo, l’entente est toute trouvée.
Je me dirige ensuite vers notre auberge des prochains jours. Le gérant est tout saoul mais très gentil, il a une copine française et je le coach dans ses réponses pour la charmer dans ma propre langue, drôle d’expérience. Je vois deux autres profils intéressants, Yang le voyageur en vélo également posé en Serbie après avoir traversé la Turquie et la Bulgarie avant le Covid et Adam l’anglais qui possède aussi un hostel. Il a vécu en France à un moment mais il trouve l’environnement plus stable et sûr à Belgrade, c’est dingue ça que la capitale Serbe serait plus sécuritaire qu’une des plus grandes villes de France, un peu triste pour notre image tout de même.
Je vais pour aller goûter le Karadorde Steak (sorte de cordon bleu roulé) à la Manufaktura avant que Léo me rejoigne. En tout cas, en ces quelques heures en ville, une chose est sûre, comme au Monténégro, je ne peux pas me plaindre des filles qui peuplent les terres balkanes, c’est assez époustouflant de beauté on va dire haha. Les gens sont vraiment de bonne humeur avec des musiques locales et où ils chantent à l’unisson comme à Kotor (cf Semaine 3 Jour 19).
Léo me rejoint pour peu de temps, il m’explique ses derniers projets et sa nouvelle vie sur Strasbourg avant qu’on aille se coucher.
Jour 37 Belgrade Pause 1
Premier jour en ville sans pédaler. Lever 8h pour se récupérer des Kroasan et visiter les monuments importants.
L’Église Saint Sava (Saint principal de l’Eglise orthodoxe Serbe) n’ouvrira qu’en Octobre (quelques semaines trop tôt c’est balo), on ne la verra que de l’extérieur.
On poursuit donc vers le Kalemegdan (la forteresse qui a survécu des centaines d’années). La vue est terrible sur la ville, on sent que c’est pas tout plat ici, il y a beaucoup de reliefs proche du Danube et de la Save. On passe rapidement au musée de la torture (comme si de rien était) puis on se cale au Boho Bar. Sacrée planque avec des poufs pour se reposer et siroter de bons cocktails.
Le reste de la journée est tranquille. Dans certaines rues du centre, on peut encore apercevoir les stigmates de la guerre et les bombardements que la ville a (peut-être délibérément) laisser à la vue de tous.
Pour le soir, on veut s’amuser à un Splavovi (péniches situées du côté de la rive de la nouvelle ville) mais entre les spots pleins et ceux qui frôlent l’arnaque (100 euros pour deux et une vieille bouteille), on retourne sur la rive de la vieille ville où on se trouve un bar sympa et des DJ bien marrants. On ira ensuite se coucher pour plus de visites enchantées le lendemain.
Jour 38 Belgrade Pause 2
Nous partons pour le musée Tesla à l’Est du centre-ville. Nikola Tesla est le yougoslave (plus ou moins considéré serbe mais est né à Zagreb) le plus connu de l’histoire pour son apport à la science. En particulier, l’utilisation du magnétisme dans les moteurs électriques. La visite consiste en 1 vidéo sur sa vie et ses inventions, puis quelques expériences réelles. Les éclairs autour d’une masse, le moteur synchrone, et la transmission de signaux avec les portes logiques AND (mes cours de prépa me font un peu défaut pour toujours comprendre toute la théorie derrière).
Ensuite, nous partons vers le Pionir, la salle mythique de Basketball mais au final on a rien pu voir n’y entrer. On va donc se trouver un petit resto à l’écart des zones touristiques qui était vachement sympa, pour terminer sur un rooftop caché qui coûte que dalle et fait des boissons vachement sympas.
Les Ćevapi de la dalle nocturne nous sustentent agréablement dans leur bon pain/lepinja frais. On finira par un dernier bar à cocktails car le reste était fermé ou bien trop loin. Je goûte donc mon premier Negroni de ma vie au Blaznavac, l’ambiance y est très appréciable surtout sur la terrasse et le service aux petits oignons, une vraie recommandation. On rentre tranquillement se coucher après encore une belle journée bien remplie.
Jour 39 Belgrade Pause 3
On sort des sentiers battus aujourd’hui pour aller dans la nouvelle ville (Novi Beograd) et son héritage brutaliste avec la tour Genex. Pour le trajet, on prend le bus, les tickets uniques en kiosque sont à 150 dinars, il faudrait chercher des cartes de réductions qui pourraient être rentables pour une prochaine fois. Je pensais d’abord que la tour serait abandonnée, mais elle est encore bien utilisée avec des habitations et des bureaux pas si facilement accessibles. On monte à l’étage pour avoir une petite vue sur la ville très sympa mais il doit sûrement y avoir mieux si on connaît les bons filons. La grosse pub Rolex sur la tour me fait me dire que le capitalisme a vaincu le brutalisme sur les dernières années ici x)
On part ensuite sur la plage de l’Ada Ciganlija où l’on profite pour se baigner et apprécier la Save qui va rejoindre le Danube calmement. L’eau y est plus ou moins propre, c’est pas mal comme sortie et il y a de jolis petits parcs à côté que l’on peut visiter à vélo si l’on veut. On retourne tout au centre pour manger une dernière fois ensemble avec Léo et c’est là que l’on tombe sur les meilleurs baklavas que j’ai pu goûter chez Balkan Baklava. Le monsieur est super adorable et le produit de qualité, allez y les yeux fermés si vous passez sur Belgrade.
Par contre avec ces plaisirs gustatifs, Léo doit partir en trombe en taxi pour l’aéroport, on se dit Tschüss et on se reverra à coup sûr sur Strasbourg 🙂 À plus tard mon pote !
Je vais me caler une sieste avant de sortir le soir une dernière fois. Je m’ennuie un peu tout seul puis tombe sur un petit bar avec un concert de musique local sur la terrasse dans la rue. Les gens sont en feu. Je m’assois à la table d’une fille qui n’a absolument 0 répondant, une vraie statue de pierre, ce ne sera pas pour cette fois qu’on discutera en détails avec les locaux 🙂
Jour 40 Belgrade à Belo Blato (77 km)
Départ 8h : Je me reprends des baklavas pour le petit-déj et la journée.
Je quitte doucement la vieille ville à 9h en direction de Zemun, la partie austro-hongroise de la ville. C’est ici que marque la frontière entre l’Autriche Hongrie et la Serbie, à une époque pas lointaine d’avant l’armistice de la guerre de 14-18 et le traité de Trianon redistribuant les parties de la Hongrie perdante de la guerre. On voit directement le changement avec l’architecture moins cabossée avec plus de couleurs pastels et bien sûr les églises religieuses caractéristiques de l’Empire. Tout cela va continuer en arpentant le Nord de la Serbie aka la Voïvodine. La forteresse en hauteur donne une belle vue sur le centre de Belgrade et le Danube que je vais suivre pour un bon moment à présent.
Interlude Belgrade
Avant de poursuivre l’aventure, je souhaiterais faire un partage de ressenti sur Belgrade qui est un de mes coups de cœur avec Kotor et le Durmitor. Plus que des points précis à voir ou à faire, la ville m’a charmé de plusieurs manières, cabossée par son passé plus ou moins récent, l’ambiance est tout simplement envoûtante. Dynamique mais pour autant relax comme une ville méditerranéenne, les gens y sont vraiment sympathiques et chaleureux pour une capitale. On peut y faire pleins d’activités et profiter du beau temps un peu partout très proche du centre comme les petites îles sur la Save. Je ne me lasserais pas de la vie ici et j’envisage à 100% d’y retourner dans le futur. Les Serbes et les gens de Belgrade sont simplement de vraies bonnes personnes qui m’auront touché sur ce voyage.
Le seul bémol étant la complication de se déplacer en transport. Après, la ville est bizarrement construite (2 fleuves la traversant, beaucoup de reliefs d’un côté, les rues sont très chaotiques) ça n’aide pas à bien agencer la chose je pense.
Xвала пуно београд <3
Je pars ensuite vers Belo Blato à 13h. A mon arrivée, je découvre un mélange assez curieux de cultures serbes, hongroises, roumaines, gitanes. Les maisons sont petites, colorées et originales, j’aime beaucoup. Toutes les villes du Nord ont maintenant une appelation serbe et hongroise dû aux minorités restées sur place après le fameux traité mentionné précédemment.
C’est ici que je me décide enfin à demander quelqu’un pour poser ma tente dans son jardin… c’est un échec cuisant il me dit d’aller demander le gîte pour avoir une chambre… La recherche de gratuité est un échec mais bon le petit appart à seulement 10 euros la nuit est super je ne peux pas me plaindre. J’ai même un café offert.
Le lac est très beau à voir et fameux pour aller pêcher, l’activité prisée de la zone avec ces nombreuses étendues très plates, caractéristique du plateau hongrois (et donc le nord de la Serbie).
Jour 41 Belo Blato à Novi Sad (75 km)
Je démarre vers 10h pour espérer visiter Novi Sad dans la journée. Je traverse les beaux petits villages doubles avec d’un côté une église orthodoxe serbe et de l’autre une église catholique hongroise, c’est spécial, même les cimetières sont séparés. Entre ceux avec les noms finissant en ic et ceux avec des noms à la Attila ou Zoltan, ce mélange est assez curieux à constater. Je découvre donc les versions serbes et hongroises des villages où je passe et peut donc faire des rapprochements sur la langue ou la culture.
Sur un certain point de pause, un vieux Monsieur veut m’aider, je lui demande de l’eau en mimant avec mes mains puis je me retrouve avec une gourde remplie d’eau jaunâtre que je ne garderais que pour la forme mais pas dans mon estomac, la rouille n’étant pas recommandée comme plan nutritionnel. Je me contenterais d’un bon Cockta rafraîchissant (une sorte de mix entre Coca et une boisson aux herbes comme une Rivella pour ceux ayant côtoyé la Suisse dans leur vie), je recommande !
J’arrive tardivement sur Novi Sad et vais pour me prélasser à une terrasse et manger des Kobasica (saucisses) avec une pinte pour 900 dinars. Je me balade autour de la forteresse de Petrovaradin (section de Novi Sad de l’autre côté du Danube) qui est très impressionnante. Le fameux festival Exit est ici tous les ans en Juillet.
Au Pupin Pub du centre, je me trouve un Ginto avec du Hendricks pour 400 dinars, la belle affaire ! Je rencontre un quatuor de jeunes de Zrenjanin mais étudiants à Belgrade. On parle foot, comme ma passion pour Liverpool et le fait que mon vélo match les couleurs du Partizan, ils ne sont pas très d’accord eux qui sont fans de l’Etoile rouge (voir Jour 36 pour plus d’explications). Politiquement, ils se sentent volés et dénigrés par leur gouvernement (qui ne le pense pas en Europe ?). Ils pensent que les impôts sont trop élevés pour ce qu’ils ont en retour et que la Police/Justice est corrompue. Ils m’indiquent que le salaire moyen ici est de 500 euros max, ça fait pas trop rêver c’est sûr. Des 4, certains veulent rester et essayer de changer les choses, d’autres ont l’idée de partir, je pense que les deux se valent si on garde ses valeurs et que l’on oublie pas d’où l’on vient 🙂
La police débarque pour cause de couvre feu et la bonne musique s’arrête. On rentre donc chez nous. Ma nuit ne sera que peu reposante dans cette auberge. Entre ceux qui ronflent, ceux qui rentrent tard et ne font pas d’effort de silence, laisse la porte ouverte, et le responsable de l’auberge au téléphone dans son lit quand tout le monde dort je ne suis pas vernis ici x). Bien content de ne rester qu’une nuit ici. A ciao bonsoir.
Jour 42 Novi Sad à entre Novi Sad et Subotica (55 km)
Je profite de Novi Sad de jour pour un petit déj en Pekara et des sandwichs le tout pour 450 dinars, je suis au paradis. C’est une très belle ville de jour. Toujours sous influence austro-hongroise, on sent le côté où il fait bon vivre. La place centrale est cool et Petrovaradin aussi stylée de jour comme de nuit. Je veux combiner un retour ici avec le Festival, la visite de musées et le parc Fruška Gora qui est à côté et semble contenir des joyaux de petits monastères nichés dans les hauteurs et la forêt. Je finis de me balader dans tous les recoins de la ville avant mon départ.
Je tente de me réserver une nuit sur Warmshower (sorte de couchsurfing pour cyclotouriste, on peut dormir gratuitement chez les gens qui s’inscrivent). Je trouve preneur chez Alexandra sur Sombor à la frontière avec la Croatie pour le lendemain.
Départ tardif à 15h30, je ne ferais que 55 km pour me rapprocher de Subotica. Problème avec les fixations de sacoches que je règle assez rapidement. Je trouve une sorte de bosquet dans le calme plat de la Voïvodine pour me cacher et directement me coucher pour un réveil tôt (pour une fois).
Mes derniers jours en Serbie approchent, pour voir la fin de la découverte des Balkans et le début d’un retour à l’UE et l’héritage du Saint-Empire, rendez-vous la semaine prochaine.